Manchester City domine son adversaire et rêve d’un titre en Coupe du Monde des Clubs

Présent à Djeddah, notre Groupe d’étude technique a assisté à chacune des rencontres de la compétition. Dans cet article, nous revenons sur certains principes clés du jeu avec et sans ballon de Manchester City qui pourraient s’avérer déterminants dans l’issue d’une finale qui s’annonce fascinante.

En demi-finale, City a confisqué le ballon, totalisant 69% de possession contre 22,8% pour les Urawa Reds. Lorsqu'ils n'avaient pas le ballon, ceux-ci ont passé 44,5% de leur temps en bloc bas, ce qui a obligé les Cityzens à faire preuve de créativité pour mettre à mal la défense adverse. 

Pour faire sauter le verrou défensif, les Skyblues ont principalement misé sur leur capacité à créer et trouver des espaces entre les lignes du bloc compact des Japonais. En multipliant les déplacements et les faux appels visant à faire dézoner les défenseurs adverses, ainsi qu'en proposant des solutions offensives dans des zones inhabituelles, les vainqueurs de la Ligue des Champions de l’UEFA ont isolé les défenseurs de l'équipe championne d’Asie et casser la structure de son bloc défensif. En faisant avancer d’un cran ses défenseurs et milieux, City a compliqué la tâche de son adversaire, qui devait défendre face à une équipe attaquant en continue et variant les séquences de jeu. 

Le graphique ci-dessous illustre bien l’emploi de joueurs avancés dans des zones inhabituelles. On constate que les Mancuniens ont été nombreux à se rendre régulièrement disponibles derrière la ligne défensive adverse. Alors même que trois de ses coéquipiers du milieu de terrain étaient plus avancés que lui, Mateo Kovačić (n°8) s’est proposé 29 fois dans le dos de la défense, le deuxième total le plus élevé de tous les joueurs du match. John Stones (n°5), un défenseur central qui se place au milieu de terrain lorsque City a la possession, a effectué huit appels dans le dos, tandis que Nathan Aké (n°6), qui évolue à gauche de la défense, en a effectué six, créant ainsi un surnombre haut sur le terrain. La défense des Urawa Reds étant déjà occupée à contenir les attaquants et milieux adverses, les défenseurs mancuniens n'ont pas hésité à monter, créant le surnombre et compliquant encore davantage la tâche de leurs homologues. 

Dans ce match, City a enregistré le plus grand nombre d'appels dans le dos de la défense de toute la compétition (144). En outre, les Cityzens ont reçu 22 fois le ballon dans le dos de la défense des Urawa Reds (14 à l’extérieur du bloc adverse, 8 à l’intérieur). Ce chiffre est plus élevé (7 de plus) que dans tous les autres matches de la compétition à ce jour.  

Il va sans dire que la création du surnombre dans la défense adverse est un des piliers du jeu offensif des hommes de Pep Guardiola, qui ont multiplié patiemment les efforts pour trouver une ouverture. L'équipe compte dans ses rangs des joueurs capables non seulement d’ouvrir des espaces, mais aussi de réaliser des passes en profondeur dans le bon tempo.

L’espace est au cœur du jeu de City, qui est capable de l’exploiter de différentes manières, quelle que soit la configuration défensive adverse. Ces qualités en font une équipe extrêmement dangereuse offensivement et difficile à contenir. 

Comme le montre la vidéo 1, City a varié les manières de créer le surnombre. Les joueurs de couloir sont restés excentrés afin d’étirer la défense adverse et de libérer des intervalles que peuvent exploiter les milieux et attaquants. Les défenseurs mancuniens ont effectuét des dédoublements et des appels depuis des positions reculées pour casser les lignes. Les défenseurs adverses étant déjà au marquage d’autres joueurs, il est devenu très difficile de bien défendre.  

La vidéo 2 présente une situation de construction depuis l'arrière menée par City. Après un appel en diagonal bien senti, Matheus Nunes (n°27) reçoit une passe en profondeur et frappe au but. Bernardo Silva (n°20) est présent sur la parade du gardien pour inscrire un but. 

Manchester City aime confisquer le ballon, ce qui s'est traduit lors de cette demi-finale par une possession de 69%. À la perte de balle, City a tenté de la récupérer le plus vite possible. Compte tenu du nombre élevé de joueurs qui se projetaient, l'équipe a toujours pu s'appuyer sur plusieurs joueurs pour contre-presser rapidement ou presser haut. Contre les Urawa Reds, les Skyblues ont passé 25,7% de leur temps sans ballon à presser haut, qui est plus de 10% supérieur au total enregistré par n’importe quelle autre équipe sur un match de cette compétition.

Pour permettre à son équipe de s’exposer défensivement sans prendre trop de risques, Guardiola s'évertue à recruter des défenseurs rapides. Il dispose ainsi d'une certaine garantie quant à leur capacité à vite se replacer depuis une position avancée et à gérer les 1 contre 1. Une statistique illustre cette capacité de replacement : l'arrière droit Kyle Walker (n°2) a atteint la deuxième vitesse la plus élevée du match avec un sprint à 33,5 km/h. Seul Nunes est allé plus vite (34,9 km/h). 

La vidéo 3 ci-dessous montre la vitesse de replacement des défenseurs anglais. Après une perte de balle consécutive à un corner offensif, les défenseurs de City sont revenus très rapidement pour stopper la contre-attaque.   

La vidéo 4 illustre à quel point les défenseurs de City sont à l’aise dans les 1 contre 1 consécutifs à une perte de balle. Dans cet extrait, Walker a fait parler sa vitesse pour récupérer le ballon et annihiler la contre-attaque.

Lors de la demi‑finale face aux Urawa Reds, Manchester City a conservé le ballon pendant de longues minutes et le gardien, Ederson, s'est avéré un rouage essentiel. L'équipe de Guardiola se démarque véritablement par la variété et la qualité des phases de construction, notamment en ce qui concerne la circulation du ballon. 

Pour Pascal Zuberbühler, « Ederson est un des meilleurs gardiens au monde pour ce qui est de permettre de construire depuis l'arrière. Il a un très bon jeu au pied et il sait trouver différents types de passes selon la situation. Il peut faire des passes courtes et longues, au sol, à mi-hauteur, en hauteur, en profondeur, etc. Il sait où vont se placer ses coéquipiers et trouve les espaces correspondants. C’est un joueur clé lors des phases de possession de son équipe. » 

Le groupe d’experts de la FIFA sur les gardiens de but a défini un cadre présentant les divers types de passes effectuées par un gardien de but. Ces passes se divisent en cinq types :

Lors du match contre les Urawa Reds, Ederson a réussi 43 de ses 48 passes. La répartition de ces 48 passes selon les types susmentionnés montre la capacité du Brésilien à lancer les phases de construction et y participer :

• Type de transmission « Jouer court » : 37 

• Type de transmission « Jouer sur le côté » : 4 

• Type de transmission « Jouer long vers un appui » : 2 

• Type de transmission « Jouer au travers du premier rideau adverse » : 4 

• Type de transmission « Jouer derrière la défense » : 1

La vidéo 5 montre Ederson effectuant une passe cassant la première ligne adverse et lançant par là même une action qui se conclut sur un but.

Cependant, la fonction première d'un gardien reste d'empêcher l’adversaire de marquer. Il est crucial de rester concentré, notamment lorsque son équipe confisque le ballon. Dans ce registre, Ederson est capable d’arrêts décisifs dans des moments clés.

Zuberbühler poursuit : « C’est aussi un très bon gardien au sens strict du terme. Il a effectué deux interventions décisives lors de la demi‑finale contre les Urawa Reds. Il aborde les 1 contre 1 avec agressivité et il domine dans le jeu aérien. Il rassure ses défenseurs. » 

La vidéo 6 illustre parfaitement l’agressivité et l'aspect imposant d’Ederson lors d'un 1 contre 1 consécutif à une percée offensive adverse. Il n’hésite pas à avancer et effectue une intervention décisive.

Manchester City affrontera Fluminense en finale de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Arabie saoudite 2023™ le vendredi 22 décembre au Stade Roi Abdallah de Djeddah. Coup d’envoi : 21h00 (heure locale). Le match a été diffusé en direct sur FIFA+.