Associer une défense en bloc et un pressing central pour museler des joueurs de classe mondiale

Sans ballon, les joueurs d’Al Ahly se sont alignés en 4-1-4-1 avec un bloc médian. Dans ce dispositif, le milieu défensif Marwan Attia (n°13) et les deux milieux centraux Emam Ashour (n°22) et Ahmed Koka (n°36) ont eu un rôle déterminant. Ce trio formait la clé de voûte de la structure défensive de l’équipe, en appliquant un pressing agressif et en accompagnant les appels des milieux d’Al Ittihad.

Cette structure se distingue avant tout par sa densité. En bloc médian, les joueurs d’Al Ahly étaient répartis sur une longueur de 26 mètres, contre 24,3 mètres en bloc bas. À titre de comparaison, les joueurs d’Al Ittihad couvraient 32,8 m et 32,3 m lors de ces mêmes phases. En combinant les phases de bloc médian et de bloc bas, Al Ahly occupait en moyenne 8 m de moins que son adversaire, un chiffre qui permet de prendre la mesure de la densité de l’équipe.

Si cette stratégie s’est révélée aussi payante, c’est avant tout parce qu’Al Ahly a réussi à neutraliser les espaces dans lesquels le trio offensif d’Al Ittihad aime opérer. Contre Auckland City au tour précédent, Karim Benzema (n°9), Igor Coronado (n°10) et Romarinho (n°90) ont parfaitement exploité la zone entre le milieu de terrain et la défense. Mais les champions d’Afrique ont totalement bouclé cet espace, empêchant les Saoudiens d’y prospérer.

En outre, Al Ittihad a eu bien du mal à progresser au centre du terrain en raison du pressing agressif et rigoureux ainsi que du marquage exercés par les milieux de terrain égyptiens sur Fabinho (n°8), N’Golo Kanté (n°7) et Faisal Al Ghamdi (n°16). Chaque passe saoudienne entre les lignes s’est transformée en une occasion pour Al Ahly de récupérer le ballon et de partir en contre. 

L’analyse des données du match montre qu’Al Ahly a provoqué 73 pertes de balle, soit 23 de plus qu’Al Ittihad (50). De plus, les trois milieux centraux égyptiens figurent aux quatre premières places du classement du nombre de pressings exercés : Attia est en tête avec 39 pressings, devant Ashour (33) ; Koka ferme la marche en quatrième position (26).

Pour Christian Gross, les Saoudiens ont sans doute été surpris par cette approche : « Beaucoup de gens au Moyen-Orient s’attendaient à un match très disputé mais, en s’appropriant le centre du terrain et en pressant d’entrée les milieux adverses, Al Ahly a empêché les attaquants d’Al Ittihad de s'exprimer. Dès qu’ils essayaient de descendre d’un cran pour recevoir le ballon, ils devaient faire face à un pressing intense de la part des défenseurs. 

Al Ahly était prêt mentalement et, physiquement, ses joueurs étaient frais. Les Égyptiens ont réussi à rétrécir le terrain quand ils n’avaient pas le ballon et, lors des transitions, ils se sont vite ouverts des espaces. » 

Les statistiques du match corroborent cette analyse.Al Ittihad a, certes, dominé la possession de balle avec 51,5% (contre 38,5% pour Al Ahly et 10% de possession disputée). Toutefois, les Égyptiens ont fait davantage d’appels en profondeur (94, contre 88 pour leurs adversaires). Ces appels ont donné lieu à 10 services, contre quatre seulement côté saoudien.De même, si les joueurs d’Al Ittihad ont été, dans l’ensemble, plus précis dans la distribution (83,4% de passes réussies contre 81,7% pour Al Ahly), la tendance s’inverse dès lors que l’on isole les passes entre les lignes : Al Ahly devient plus efficace (72,2%) tandis que les statistiques d’Al Ittihad s’effondrent (64,4%).  

Dans les vidéos suivantes, on peut constater que les joueurs d’Al Ahly ont tous un rôle bien précis en phase défensive. La vidéo 1 montre les champions d’Afrique en bloc médian. Les trois milieux de terrain occupent l’espace central et coupent les lignes de transmission vers les attaquants d’Al Itthad. Alors que les défenseurs font tourner le ballon, Romarinho, à droite, redescend pour appeler le ballon. Malgré la longueur de sa course, l’arrière gauche Ali Maâloul (n°21) le suit jusqu’au bout. Simultanément, l’arrière droit d’Al Ittihad, Muhannad Al Shanqiti (n°13), remonte le long de la ligne de touche. Le milieu gauche d’Al Ahly reste concentré sur son marquage, sans se soucier de l’appel de Romarinho. Au milieu de tous ces déplacements, Kanté tente d’occuper l’espace laissé vacant par l’arrière gauche d’Al Ahly, mais le milieu défensif Attia le couvre, tandis que Koka se replace de façon à intercepter une éventuelle passe à destination du Français. C’est un exemple de bonne communication, organisation et exécution des différents rôles au sein de l’équipe en phase défensive. 

La vidéo 2 nous propose un autre exemple de communication et de permutation entre les milieux d’Al Ahly. Cette fois-ci, les joueurs d’Al Ittihad cherchent activement des espaces entre les lignes. Les défenseurs égyptiens prouvent à nouveau qu’ils ne craignent pas de dézoner pour maintenir leurs vis-à-vis sous pression. Ici, le défenseur central gauche, Mohamed Abdelmonem (n°24), vient au contact de Benzema dès que celui-ci appelle le ballon entre le milieu de terrain et la défense. 

Enfin, la vidéo 3 met en évidence le pressing imposé par les joueurs d’Al Ahly, qui attaquent leurs adversaires à l’occasion d’un dégagement aux six mètres du gardien. Les milieux de terrain égyptiens prennent leurs adversaires au marquage individuel afin d’accompagner leurs déplacements. Pendant ce temps, les défenseurs prennent en charge les attaquants saoudiens, même si ceux-ci redescendent loin.