Dans cet épisode de « Au cœur du jeu », Chris Loxston (responsable du groupe Analyse des performances et tendances de la FIFA), Arsène Wenger (directeur du Développement du football mondial) et Pascal Zuberbühler (expert footballistique et spécialiste des gardiens) analysent les principales caractéristiques du 3-4-3 adopté par Chelsea durant la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA™. Le trio décortique notamment le rôle des pistons en phase offensive, la façon dont les milieux axiaux se tiennent prêts à bloquer les contres adverses et la distribution du jeu de la part des défenseurs centraux. Il s'intéresse ensuite aux solutions adoptées par les adversaires des Blues pour exploiter les points faibles de leur dispositif. Wenger, Loxston et Zuberbühler se penchent également sur la prestation des gardiens de but, en particulier sur leur placement et leur positionnement en situation de tir ou de contre-attaque.
Partie 1 : Introduction
00:30
Le rôle des pistons
L’objectif de Chelsea avec ce 3-4-3 est d’occuper toute la largeur du terrain par l’intermédiaire des milieux excentrés, chargés de multiplier les courses dans leur couloir respectif. Cela permet de créer de la densité en phase offensive et de compliquer la tâche des adversaires, parfois amenés à se regrouper à six derrière pour tenter d’annihiler une attaque.
2:02
Des milieux en protection
« Les deux milieux axiaux sont là pour protéger les défenseurs. Avec des excentrés qui évoluent aussi haut, comme nous le voyons ici, il faut se protéger en cas de perte de balle. Par ailleurs, il faut aller presser rapidement le porteur pour récupérer le ballon, car l’équipe est vulnérable sur les côtés. » (AW)
03:38
Les « cinq couloirs »
Lorsqu'une équipe défend à cinq derrière, les joueurs sont disposés sur toute la largeur du terrain, chacun étant chargé de défendre un couloir. Le même principe s’applique en phase offensive : lorsque le dispositif se mue en un 3-2-5 avec trois attaquants et deux pistons devant, ces cinq joueurs se positionnent de sorte à exploiter toute la largeur du terrain en occupant chacun l’un des cinq couloirs.
07:52
Chelsea – Al-Hilal (demi-finale de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA 2021)
Ici, les pistons de Chelsea se recentrent afin d’offrir des solutions de passe, tandis que les ailiers s’écartent. Le fait d’avoir interverti les postes a permis de libérer les ailiers et de trouver Hakim Ziyech, qui a ensuite a pu remonter balle au pied le long de son couloir. Les deux pistons (César Azpilicueta et Marcos Alonso) sont quant à eux partis à l’assaut du but pour occuper la surface aux côtés de leur attaquant de pointe, mettant ainsi la défense adverse en grande difficulté.
08:48
« Marquage préventif
»Lorsque les ailiers et les pistons évoluent haut sur le terrain, les deux milieux axiaux se placent en couverture à l’extérieur de la surface afin de gérer un éventuel risque de contre-attaque en cas de transition défensive. L’idée est d’effectuer un marquage préventif alors même que son équipe a le ballon.
10:50
Le défenseur central moderne
Toujours plus à l’aise balle au pied, les défenseurs centraux sont de plus en plus sollicités dans la moitié de terrain adverse dans le football d’aujourd’hui. Avec ce dispositif, il est indispensable que les défenseurs centraux de Chelsea mettent à profit leur maîtrise technique pour monter, soutenir l’attaque et faire la différence dans les 30 derniers mètres.
Partie 2 : LA RÉPONSE DE PALMEIRAS AU DISPOSITIF DE CHELSEA
00:10
L’approche défensive de Palmeiras
Palmeiras opte pour un double marquage sur Romelu Lukaku lorsque Chelsea attaque, laissant Thiago Silva – placé au centre de la défense à trois des Blues – seul et libre de remonter le ballon. De son côté, Palmeiras se regroupe dans sa propre moitié de terrain. Ses arrières latéraux sont amenés à évoluer un cran plus haut, obligeant les ailiers à descendre pour prendre leur place, ce qui libère des espaces entre les ailiers et leurs centraux.
01:50
Le contre de Palmeiras
Chelsea a la maîtrise du ballon et parvient à le faire remonter avec ses centraux. Mais les Brésiliens attendent une occasion de récupérer la possession et de partir rapidement en contre. Ils créent donc de la densité autour de Lukaku dans le but de lui subtiliser le ballon.
04:33
Erreurs en défense
Ici aussi, Chelsea continue à gagner du terrain par l’intermédiaire de Thiago Silva, libre de faire remonter le ballon dans l’axe. Les ailiers de Palmeiras ont à nouveau pris la place des latéraux. Peu habitués à évoluer à ce poste, ils ne prennent pas garde au placement de la ligne défensive, et couvrent le hors-jeu. Si Thiago Silva avait remarqué cette erreur de placement, il aurait facilement pu trouver Lukaku avec un ballon piqué dans le dos des défenseurs.
05:53
Thiago Silva à la manœuvre
Thiago Silva a eu la possession du ballon durant 6 minutes et 23 secondes sur cette rencontre, ce qui démontre à la fois la volonté de Palmeiras de lui laisser le ballon, mais également la capacité du Brésilien à distribuer le jeu. Silva a par ailleurs reçu 132 passes, ce qui confirme le fait que Palmeiras n’a pas cherché à le priver de ballons.
11:22
Les risques de contre
« Nous voyons que Palmeiras jouait très bas, ce qui a posé un problème à Chelsea. Lorsqu'une équipe doit construire ses attaques aussi haut, elle s’expose presque inévitablement à un risque de contre, et il faut donc des joueurs d’expérience derrière pour gérer ces situations. Et Thiago Silva le fait très bien. » (AW)
12:05
Les difficultés offensives de Chelsea
Sur cette rencontre, le positionnement des pistons des Blues ont globalement trop axial et ils n’ont pas suffisamment étiré le bloc adverse. Le fait que Thiago Silva ait beaucoup cherché ses partenaires dans l’axe et trop peu sur les ailes a permis à Palmeiras de bloquer les couloirs centraux, empêchant ainsi Chelsea de se créer des occasions.
Partie 3 : L’OUVERTURE DU SCORE DE CHELSEA EN FINALE
00:10
Créer des espaces pour attaquer
En décrochant pour demander le ballon, le milieu offensif – Kai Havertz – emmène le latéral droit avec lui. Cela permet au porteur, le milieu central Mateo Kovačić, d’accélérer pour se libérer de son marquage et de prendre la profondeur.
00:52
Des mouvements coordonnés
« Lorsqu'ils sont coordonnés, ces mouvements permettent d’emmener un défenseur et de libérer l’espace pour un partenaire. » (AW)
01:42
À l’assaut de la surface
Cinq joueurs attaquent la surface lorsque Chelsea parvient à mette la défense adverse hors de position et à se retrouver en situation de centre. Ils génèrent ainsi un surnombre et augmentent leurs chances de marquer.
Partie 4 : LES GARDIENS DE CHELSEA
00:30
Définir une hiérarchie
« Tout d’abord, je pense qu'il faut définir une hiérarchie chez les gardiens. Il faut nommer un titulaire et un remplaçant, sachant que cette hiérarchie peut être bouleversée si les performances ne suivent pas. À Chelsea, Édouard Mendy est le titulaire indiscutable et le fait qu'il dispute la finale le montre clairement. » (AW)
02:00
Le placement de Kepa
Bien qu'il soit masqué par ses partenaires, Kepa Arrizabalaga réalise une superbe parade contre Al-Hilal. Il a d’abord dû se pencher sur sa droite pour voir le départ du ballon. Malgré ce léger déséquilibre, il réagit rapidement avec un petit pas de réajustement sur sa gauche qui lui permet d’arriver à temps sur le ballon.
04:17
Interpréter le langage corporel de ses défenseurs
Kepa comprend de quel côté va partir le tir grâce au langage corporel de N'Golo Kanté. Le fait que son coéquipier mette sa jambe gauche en opposition permet au gardien d’anticiper la direction de la frappe et de savoir de quel côté plonger.
06:15
Gérer la distance
À partir du moment où le gardien se place correctement par rapport à l’adversaire, il devient plus facile pour lui de réaliser une parade et plus compliqué pour l’attaquant de marquer. Si Kepa s’était placé plus bas sur cette action, il aurait été en difficulté. À six mètres de l’attaquant, le gardien n’est pas en mesure d’intervenir efficacement. Idéalement, il doit se situer à deux ou trois mètres de l’adversaire.
10:05
Le placement de Mendy
Face au bloc haut adopté par Chelsea, Palmeiras doit tenter de trouver la faille en contre, et Mendy doit donc se tenir prêt à gérer la profondeur. Dans cet extrait, nous voyons que le gardien des Blues est sur ses appuis, prêt à sortir rapidement en cas de ballon dans le dos de sa défense. La situation évolue et Mendy sait qu'il ne pourra pas arriver le premier sur le ballon. Il évite donc de sortir et choisit de reculer rapidement pour adopter un placement susceptible de compliquer la tâche de l’attaquant.
13:00
Le gardien moderne
« Aujourd'hui, les gardiens doivent être des joueurs intelligents, capables de lire le jeu, et avoir toujours un temps d’avance. Ils doivent savoir évaluer correctement la situation, et Mendy l’a très bien fait ici. » (PZ)