La compétition est en cours et deux des titres régionaux ont déjà été attribués. Disputé mercredi 11 décembre, le Derby des Amériques de la FIFA, constitue le premier des trois matches à élimination directe organisés au Qatar dans le but de déterminer le nom du prochain vainqueur de la Coupe Intercontinentale de la FIFA. Vous trouverez ci-dessous le calendrier et tous les résultats de la compétition jusqu’à présent :
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Match 1 : barrage Afrique-Asie-Pacifique, 22 septembre
Al Ain 6-2 Auckland City -
Match 2 : Coupe Afrique-Asie-Pacifique, 29 octobre
Al Ahly 3-0 Al Ain -
Match 3 : Derby des Amériques de la FIFA, 11 décembre
Botafogo - Pachuca -
Match 4 : Challenger Cup de la FIFA, 14 décembre
vainqueur du match 3 - Al Ahly -
Match 5 : Coupe Intercontinentale de la FIFA, 18 décembre
Real Madrid - vainqueur du match 4
Le Groupe d’étude technique de la FIFA sera présent au Qatar pour observer ces trois rencontres et compilera ses observations sous la forme d’analyses publiées sur le Centre de ressources techniques. Le Groupe d’étude technique de cette compétition est composé de deux experts dotés d’une grande connaissance du football : Pascal Zuberbühler et Aron Winter. Ci-dessous, le duo aborde plusieurs sujets en relation avec la compétition.
Entretien
Aron, pouvez-vous nous parler de votre carrière de joueur et d’entraîneur ?
Winter : Je suis né au Suriname, un pays d’Amérique du Sud. À l’âge de cinq ans, j’ai déménagé avec mes parents à Amsterdam, aux Pays-Bas. J’ai commencé à jouer au football à huit ans dans un club amateur, le SV Lelystad, mais après plusieurs années, j’ai eu la chance d’intégrer le centre de formation de l’Ajax, où Johan Cruyff m’a fait gravir les échelons jusqu’à l’équipe première. J’ai ensuite rejoint la Serie A, le meilleur championnat au monde à l’époque, pour donner un nouveau tournant à ma carrière. J’ai passé quatre superbes années à la Lazio, avant de signer à l’Inter Milan, où j’ai remporté la Coupe UEFA lors de la saison 1997/98.
J’ai également porté le maillot de l’équipe nationale néerlandaise tout au long de cette période. J’ai participé à quatre EUROs et à trois Coupes du Monde. J’ai ainsi fait partie de l’équipe sacrée championne d’Europe en 1988. Quand je suis revenu à l’Ajax après mon expérience en Italie, j’ai commencé à passer mes diplômes d’entraîneur tout en poursuivant ma carrière de joueur. Après avoir raccroché les crampons, j’ai commencé à entraîner et j’ai fini par prendre les rênes du Toronto FC. J’ai également occupé des postes d’entraîneur adjoint en équipe de Grèce et à l’Ajax, où j’ai travaillé sous les ordres d’Erik ten Hag. Le dernier poste que j’ai occupé est celui de sélectionneur du Suriname.
Vous avez été formé dans le pur style néerlandais et vous avez passé une bonne partie de votre carrière de joueur en Italie. Quelles étaient les principales différences entre ces deux grandes nations du football, sur le plan du jeu ?
Winter : Les deux pays sont complètement différents, à ce niveau-là. Aux Pays-Bas, le jeu doit être à la fois attrayant pour les supporters et efficace. L’ADN néerlandais est ancré chez tous les joueurs de l’Ajax et de l’équipe nationale : maîtriser le ballon pour maîtriser la rencontre. Créer le surnombre dans certaines zones du terrain, avec des situations de 2 contre 1 ou 3 contre 2, afin de conserver la possession. Cette philosophie nous a été transmise par des entraîneurs comme Cruyff ou Guus Hiddink.
Dès mon arrivée en Italie, j’ai appris que la victoire passait avant tout. L’accent était mis sur la défense et les équipes ne laissaient généralement pas beaucoup d’espaces dans leur propre moitié de terrain. Quand une équipe récupérait le ballon, elle cherchait à procéder par contre. Le résultat importait plus que tout. Ces dernières années, cet état d’esprit a légèrement évolué. Les équipes jouent de façon moins resserrée. À titre individuel, j’avais les qualités pour m’épanouir dans le football italien lorsque je suis arrivé à la Lazio. Le verrou défensif permettait de dégager des espaces au milieu de terrain. J’étais rapide dans le contrôle et la progression du ballon, ce qui me permettait de bien exploiter ces espaces.
La Coupe intercontinentale de la FIFA voit s’affronter des clubs de chaque confédération. Que pensez-vous de cette compétition ?
Zuberbühler : Je suis toujours curieux à l’idée de découvrir et d’analyser la qualité du football proposé par les clubs qui ont remporté la Ligue des Champions dans leurs confédérations respectives. Il est toujours intéressant d’assister à l’émergence de nouvelles tendances et de comparer ce qui se fait de mieux. Cette Coupe Intercontinentale est donc particulièrement agréable à suivre. Par exemple, Al Ahly a remporté la majorité des compétitions auxquelles il a participé au cours des trois dernières années. Et nous avons là l’occasion de voir comment le club égyptien va rivaliser avec le vainqueur du Derby des Amériques de la FIFA, disputé entre Botafogo et Pachuca. J’ai hâte d’assister à une spectaculaire opposition de styles entre une équipe africaine et une formation d’Amérique du Sud ou d’Amérique centrale. Lors du bouquet final, le vainqueur de ce match rencontrera un poids lourd européen, le Real Madrid. C’est formidable de voir s’affronter les meilleurs clubs de chaque région.
Salomon Rondon devrait conduire l’attaque de Pachuca contre Botafogo mercredi. Ce joueur puissant excelle dans la conservation du ballon haut sur le terrain, ce qui permet à ses coéquipiers de proposer des solutions autour de lui. Son rôle central dans le jeu offensif de son équipe donne-t-il une indication sur la stratégie que Pachuca compte employer face à Botafogo ?
Winter : Dans le football mexicain, il est courant d’avoir un attaquant puissant dans l’axe, qui sert de point de fixation afin de libérer des espaces pour des coéquipiers plus rapides et techniques. Si Pachuca éprouve actuellement quelques difficultés en championnat, il possède malgré tout un effectif de qualité pour épauler Rondon. Il y aura beaucoup de mouvements autour de lui et les joueurs chercheront à combiner avant de casser la ligne défensive. Pour que cette stratégie soit efficace, Rondon devra monopoliser l’attention de deux joueurs adverses, afin de générer des espaces que ses coéquipiers pourront exploiter. Je pense que les Mexicains respecteront Botafogo car ils n’ont pas l’habitude de croiser en championnat des équipes qui proposent une intensité jeu comparable à celle des Brésiliens. Les deux équipes auront des occasions.
Le week-end dernier, Botafogo a remporté un titre la Série A brésilienne après lequel il courait depuis près de 30 ans. Une semaine plus tôt, le club soulevait le trophée de la Copa Libertadores de la CONMEBOL pour la première fois de son histoire. Que peut-on attendre de cette étonnante équipe brésilienne ?
Winter : Botafogo met beaucoup d’intensité dans son jeu. Les Brésiliens ont réalisé une excellente saison, sous la houlette d’Artur Jorge. Ils sont bien organisés et sont en capacité d’aligner des joueurs de qualité à tous les postes. Leur maîtrise technique va obliger Pachuca à rester vigilant dans les duels. Cette équipe peut s’appuyer sur un bon équilibre entre ses lignes et les joueurs connaissent leurs responsabilités, ce qui les rend difficile à battre. Face à des adversaires d’un certain calibre, ils savent attendre le bon moment pour déclencher leur pressing. En phase de construction, ils essaient de transmettre rapidement le ballon vers l’avant afin de se procurer des occasions de but. Toutefois, le fait d’avoir disputé trois matches d’une grande intensité au cours des dix derniers jours pourrait s’avérer problématique. La façon dont l’entraîneur va gérer la fatigue au sein de son effectif sera intéressante à observer.
Zuberbühler : Botafogo me semble bien organisé. En remportant coup sur coup son premier titre de champion depuis 1995 et la Copa Libertadores, le club a démontré qu’il réalise de l’excellent travail. Il sera intéressant de voir comment une équipe aussi dominatrice dans son championnat évoluera sur la scène internationale face à Pachuca et peut-être, par la suite, contre Al Ahly et le Real Madrid. Tous les ingrédients sont réunis pour de superbes rencontres.
Le football brésilien est toujours intéressant à observer. On sait que les équipes brésiliennes sont très techniques, mais Botafogo a également développé la vitesse et la puissance nécessaires pour être compétitif sur la scène internationale. Fort de ces trois qualités, le nouveau champion de Série A s’annonce comme l’une des équipes à suivre dans cette compétition.
Votre compatriote Marcel Koller est l’actuel entraîneur du club égyptien d’Al Ahly. Samedi, il affrontera le vainqueur du match entre Botafogo et Pachuca dans le cadre de la Challenger Cup de la FIFA™. Que pouvez-vous nous dire sur lui et sur la façon dont il gère ses équipes ?
Zuberbühler : Je connais très bien Marcel Koller. Je suis également en contact avec son adjoint, Harald Gämperle. Nous avons tous les trois joué ensemble au Grasshopper Club, dans les années 90. Koller était notre leader, notre capitaine et un modèle de professionnalisme. Pour toutes ces raisons, j’ai hâte de voir ses joueurs à l’œuvre. Koller est un entraîneur qui sait exactement comment construire une équipe. Les 11 titres remportés par Al Ahly depuis son arrivée en 2022, dont deux Ligues des Champions de la CAF, témoignent de l’efficacité de ses méthodes. C’est une équipe redoutable.
Pour moi, les équipes de Koller se distinguent surtout par leur rigueur défensive. Sans le ballon, les joueurs sont très bien organisés. Le gardien et capitaine Mohamed El Shenawy n’hésite pas à diriger ses coéquipiers du geste et de la voix, comme il le fait en équipe nationale égyptienne. Koller semble en outre avoir trouvé le bon équilibre entre expérience et jeunesse. Tous ces facteurs combinés font d’Al Ahly une équipe très difficile à battre.
Le vainqueur de la Challenger Cup de la FIFA affrontera le Real Madrid. Que pensez-vous du niveau des champions d’Europe en titre et comment les voyez-vous aborder cette finale ?
Winter : Le Real Madrid est l’un des plus grands clubs du monde. Son effectif a de quoi faire rêver n’importe quel entraîneur. Cependant, Kylian Mbappé peine à retrouver son meilleur niveau depuis son arrivée cet été. L’entente entre , Jude Bellingham, Rodrygo et Vinícius Júnior n’est pas encore tout à fait au point. Actuellement, ils ne prennent pas toujours la meilleure décision quand il s’agit d’adresser la dernière passe ou de conclure. Mais sous la houlette de Carlo Ancelotti, le Real a toujours su répondre présent dans les grands rendez-vous. Sans le ballon, il est capable de serrer les rangs. Ile se montre alors particulièrement redoutable en contre. Même s’il ne se présente pas sous son meilleur jour, le Real reste le Real. Quand les joueurs parviennent à se trouver sur le terrain, ils sont presque invincibles.
En tant que spécialiste des gardiens de but, que pensez-vous des portiers en lice dans cette compétition ?
Zuberbühler : Le Real Madrid et Botafogo ont fait tourner leurs gardiens ces dernières semaines. Il est donc difficile de prédire avec certitude qui sera titulaire au Qatar. Il y a John et Roberto Fernández à Botafogo. À 36 ans, Fernández apporte son expérience. John, 28 ans, a débuté la finale de la Copa Libertadores contre l’Atlético Mineiro la semaine dernière. Il est au sommet de son art.
Le Real Madrid possède en Thibaut Courtois l’un des meilleurs gardiens du monde. Il est tout simplement exceptionnel. Au cours des trois dernières saisons, il a considérablement amélioré son placement et sa relance des deux pieds. Les chiffres montrent par ailleurs que les Merengues gagnent davantage lorsque Courtois est titulaire. Cela n’est pas seulement lié à ses qualités techniques et tactiques, mais également à sa présence et à son statut. Dans sa façon de se présenter face aux attaquants, de mettre son corps en opposition, de défendre sa surface, ses prises de décision sont toujours fantastiques. Faire le bon choix au bon moment, c’est un élément déterminant pour tout gardien de but.
En ce qui concerne le deuxième gardien du Real, Andriy Lunin, je l’ai observé lors de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Pologne 2019™, qu’il disputait avec l’Ukraine. Ses superbes performances lui ont valu d’être désigné Gant d’or de la compétition. Malheureusement pour lui, il est difficile de gagner du temps de jeu quand on est la doublure de l’un des meilleurs gardiens au monde. Mais à chaque fois qu’il a été choisi, il réalise des prestations soignées.
Comme je l’ai dit, El Shenawy est le pilier du secteur défensif d’Al Alhy. Malgré ses 35 ans, il livre des performances de haut vol. Ce sera intéressant de voir pendant combien de temps il pourra continuer d’évoluer à ce niveau. À 26 ans, Carlos Moreno est le gardien numéro un de Pachuca et, comme John à Botafogo, il entre dans les meilleures années de sa carrière.
L’équipe technique de la FIFA pour la Coupe Intercontinentale de la FIFA 2024
Responsables de projet
Arsène Wenger – directeur du Développement du football mondial
Steven Martens – directeur de la sous-division Développement du football mondial
Tom Gardner – chargé des performances et tendances du football
Experts techniques
Pascal Zuberbühler – expert footballistique senior et responsable du Groupe d’étude technique
Aron Winter – expert technique
Analyse des performances et tendances du football
Harry Lowe – chef d’équipe analyse des performances
Jeremy Chor – analyste de performances
Natascia Prieto – responsable des opérations