Pour son entrée en lice en Coupe Intercontinentale de la FIFA 2024™, Pachuca se trouvait face à la redoutable équipe de Botafogo, qui représentait l’Amérique du Sud dans cette compétition. Les Brésiliens sont arrivés au Qatar trois jours après leur premier sacre en Série A depuis 1995, et dix jours après avoir remporté la première Libertadores de l’histoire du club. Malgré l’incroyable dynamique et la qualité offensive et de Botafogo, les Mexicains sont parvenus à se défaire de leurs rivaux sans concéder le moindre but. Ils ont ainsi validé leur billet pour la Challenger Cup de la FIFA™, où ils retrouveront les Égyptiens d’Al Ahly. Aron Winter, membre du Groupe d’étude technique, a assisté à la rencontre au stade 974 de Doha. Il nous explique comment le pressing haut, le contre-pressing et la cohésion générale des joueurs de Pachuca leur ont permis de neutraliser leur adversaire tout en se créant des opportunités.
Sens du placement en pressing haut
Face à Botafogo, le pressing haut a été l’une des armes les plus efficaces de Pachuca. Les Tuzos ont en effet marqué deux de leurs trois buts sur des récupérations hautes. Pour Winter, cette pression a permis aux Mexicains de neutraliser leurs adversaires :
« Nos observations ont révélé une grande rigueur de la part des joueurs de Pachuca lorsqu’il s’agissait de fermer l’axe aux Brésiliens et les attirer sur un côté. Ensuite, les joueurs situés côté opposé pouvaient décrocher pour créer un surnombre autour du porteur et compliquer la sortie de balle de Botafogo. »
La paire de milieux centraux composée d’Elías Montiel (n°28) et Pedro Pedraza (n°5) a joué un rôle déterminant dans l’organisation du pressing de Pachuca. Lorsque leur équipe exerçait un pressing haut, Pedraza est resté en sentinelle devant la défense, ce qui a permis à Montiel de fermer l’axe en montant sur le porteur.
Les données enregistrées par la FIFA montrent bien l’efficacité du pressing haut de Pachuca. Pachuca a effectué 12,4% de ses pressings dans le dernier tiers adverse, contre 10,6% pour Botafogo, ce qui en dit long sur les intentions mexicaines. De plus, lorsqu’ils défendaient en bloc haut, les Tuzos ont réalisé 17,5 pressings par minute, contre 14,3 pour les Brésiliens. Là encore, les chiffres démontrent leur rigueur dans l’application des consignes.
L’un des chiffres qui soulignent le mieux la précision de la pression exercée par Pachuca est peut-être celui du nombre de pressings ayant attiré l’adversaire vers l’extérieur. Sur les 316 pressings effectués par les Mexicains durant la rencontre, 213 ont orienté les joueurs de Botafogo sur un côté, soit 67,4%. Cela représente 15,2 points de pourcentage de plus que les Brésiliens. En s’intéressant aux positions de départ des joueurs de Pachuca au moment de monter, on remarque que 65% de leurs pressings sont partis de l’axe, contre 49,5% pour Botafogo. Ces données corroborent l’analyse de Winter selon laquelle le pressing était destiné à empêcher l’adversaire de progresser dans l’axe pour l’enfermer dans des zones excentrées, moins dangereuses.
Une volonté permanente de contre-pressing
Pachuca a également excellé dans les situations de contre-pressing. Il s’agit des actions où la possession est davantage disputée que lors des scénarios de pressing haut mentionnés plus tôt. Pour Winter, les Mexicains se sont particulièrement illustrés dans leur réaction collective à la suite d’une perte de balle.
« Lorsqu’ils perdaient le ballon, les joueurs de Pachuca ont réagi de manière impressionnante. Tout en restant très compacts, ils se sont regroupés autour du ballon. Ils ont ainsi pu exercer un contre-pressing sur les joueurs de Botafogo pour les obliger à jouer dans l’urgence. C’est cette compacité qui a permis aux Mexicains de gêner le porteur très tôt et de priver leurs adversaires de temps et d’espace. »
Winter insiste également sur le comportement à la récupération, qui a grandement contribué à déterminer l’issue de la rencontre. « Sur leurs récupérations, ils ont su rester lucides et ne pas rendre le ballon trop vite. Ils repartaient parfois de l’arrière pour se laisser le temps de se réorganiser et de repartir à l’attaque », ajoute-t-il.
Le nombre de passes manquées provoquées chez les Brésiliens sur ces phases de jeu témoigne de l’efficacité du contre-pressing de Pachuca. En situation de contre-pressing, les joueurs de Pachuca ont provoqué en moyenne 4,4 passes manquées par minute, ce qui excède de loin les 1,6 passes manquées provoquées par Botafogo dans le même scénario.
Une défense préventive à la base du pressing
Si le contre-pressing et le pressing haut de Pachuca ont été aussi efficaces, c’est en grande partie grâce à la couverture défensive des Mexicains. Comme on peut le voir dans la vidéo 3, leur solide structure défensive a servi de base permettant un contre-pressing agressif sur les pertes de balle. Winter poursuit en expliquant que les joueurs chargés du pressing savaient que, s’ils ne récupéraient pas la balle, ils pouvaient compter sur leurs coéquipiers restés à l’arrière pour intervenir.
« En phase de pressing haut, leur assise défensive était bien organisée. Afin de minimiser les risques en cas de perte de balle plus haut sur le terrain, ils laissaient toujours un défenseur libre, de manière à ce que l’attaquant adverse se retrouve systématiquement en infériorité numérique à un contre deux. Cette sécurité était primordiale car Botafogo possède les atouts offensifs pour transpercer une défense. »
Rôles des joueurs et cohésion d’équipe
Elías Montiel
La débauche d’énergie de Montiel au cœur du jeu a été un élément central du pressing exercé par son équipe. Sur les phases de pressing haut et de contre-pressing, le joueur de 19 ans a couvert le terrain nécessaire pour empêcher Botafogo de construire dans l’axe. Avec une distance totale parcourue de 12,6 km, il est celui qui a le plus couru durant la rencontre. Mais Winter précise que son apport ne s’est pas limité à ses qualités physiques. Sur le plan tactique, le Mexicain a dû faire preuve d’un grand sens du placement ainsi que d’une bonne compréhension des stratégies de pressing de son équipe. « En plus d’assurer le lien entre la défense et le milieu, Montiel était également au pressing. Il ne s’est pas contenté de bien fermer les espaces ; il a également brillé par ses enchaînements après une récupération. Il savait toujours ce qu’il avait à faire et s’est systématiquement projeté vers l’avant pour provoquer des opportunités. »
Oussama Idrissi
C’est bien souvent à la suite des efforts de Montiel pour fermer les zones centrales qu’Oussama Idrissi (n°11) est intervenu dans le pressing haut de Pachuca. L’ailier a parfaitement senti les situations où il devait décrocher dans l’axe, ce qui a permis aux Mexicains d’ajouter de la densité défensive sur le côté où Botafogo essayait de construire. Ces déplacements ont été essentiels au déclenchement du pressing de Pachuca et ont permis aux joueurs de sortir sur le ballon en restant proches les uns des autres.
Cohésion d’équipe
Si les prestations de ces deux joueurs ont été importantes, pour Winter, c’est la coordination de toute l’équipe qui a été la clé de la victoire :
« L’équipe toute entière a fait preuve d’une grande cohésion et les joueurs sont toujours restés solidaires. C’était particulièrement visible sur les pertes de balle. Dès qu’elle n’avait plus la possession, que ce soit sur une phase arrêtée ou dans le jeu, l’équipe a réagi rapidement et avec détermination. Les deux vidéos ci-dessous illustrent bien la rigueur avec laquelle tout le bloc se replaçait pour se réorganiser. »
Points à retenir
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Le sens du placement est essentiel à l’organisation d’un pressing haut. Des subtilités comme le fait de laisser une distance égale entre chaque coéquipier et de se positionner entre deux adversaires peuvent améliorer l’efficacité d’un pressing haut.
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La couverture défensive constitue la base d’un pressing haut et d’un contre-pressing efficaces. L’équipe doit toujours s’assurer de la bonne organisation de la structure défensive afin de permettre aux joueurs situés plus haut sur le terrain de presser avec agressivité. Sans cela, elle se retrouve vulnérable.
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Chaque joueur doit parfaitement comprendre son rôle au sein du dispositif tactique collectif. En l’occurrence, la capacité d’Idrissi à décrocher dans l’axe aux bons moments pour apporter de la densité autour du porteur a largement contribué à gêner Botafogo dans la construction du jeu.
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La cohésion d’équipe est un élément crucial en phase sans ballon. Sans une grande coordination à l’échelle individuelle, de l’unité de joueurs et de l’équipe entière, il est difficile d’exercer un pressing efficace.