#Coupe du monde U-17 de la FIFA

Bilan de la phase de groupes

FIFA, 20 nov. 2023

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À l’approche de la deuxième phase, le Groupe d’étude technique livre ses réflexions sur les tendances observées dans les différents groupes. Réalisés à partir de l’intelligence augmentée dans le football de la FIFA, des tableaux d’équipe illustrent leurs propos.

Avec ses 36 matches en neuf jours, la phase de groupes de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA™ se distingue par sa forte intensité. Les membres du Groupe d’étude technique (TSG) assistent à toutes les rencontres, pour observer chaque participant et mieux comprendre les tendances qui se dessinent. Cette première phase étant désormais achevée, les experts du Groupe d’étude technique se sont penchés sur les principales caractéristiques de chaque groupe. Ils ébauchent ainsi les premiers contours de cette édition indonésienne.

Groupe A : Maroc, Équateur, Indonésie, Panama

Julio González : Nous avons analysé les matches de l’Équateur, du Maroc, du Panama et de l’Indonésie dans le Groupe A. Au fil des rencontres, plusieurs constantes sont apparues. Les équipes de ce groupe se sont appliquées à construire de derrière. Les gardiens ont souvent fait le choix de relancer sur leurs défenseurs centraux qui, de ce fait, ont joué un rôle déterminant dans l’organisation du jeu. Ces derniers ont principalement recherché les milieux défensifs, les milieux centraux et les meneurs de jeu. Lorsqu’aucune de ces solutions n’était disponible ou lorsque les défenseurs centraux eux-mêmes étaient pressés par les attaquants adverses, ils se sont rabattus sur le jeu long à destination des ailiers ou des attaquants.  

La stratégie employée pour amener le ballon dans les 30 derniers mètres mérite elle aussi que l’on s’y attarde. Les Équatoriens se sont révélés les plus habiles dans cet exercice, grâce à des appels agressifs, intenses et toujours dirigés vers l’avant. Les Indonésiens ont, eux aussi, mis l’accent sur la possession de balle, mais avec moins de tranchant dans les zones offensives.

Une autre particularité de ce groupe réside dans la volonté des équipes de créer du jeu en récupérant le ballon dans certaines parties du terrain. Certaines laissaient ainsi volontairement le jeu se développer sur l’aile droite avant de déclencher le pressing pour récupérer le ballon et servir rapidement un joueur démarqué de l’autre côté du terrain. Ainsi lancé dans les 30 derniers mètres, le joueur en question se trouvait en position favorable pour aborder un éventuel duel. Après avoir éliminé son adversaire, plusieurs possibilités s’offraient à lui : conclure directement ou centrer vers l’un de ses attaquants.     

La quatrième caractéristique de ce groupe réside dans la capacité des équipes à créer des espace pendant la construction. Lorsque leur équipe construisait depuis l’arrière, les défenseurs centraux ont prêté une grande attention aux appels des milieux centraux devant eux et aux espaces ainsi libérés. Par exemple, en attirant des adversaires côté droit au moyen d’appels, ces milieux ont ouvert le jeu sur le côté opposé. Il ne restait plus alors au latéral gauche qu’à monter pour apporter le surnombre. Servi par les défenseurs centraux, ce dernier disposait alors de nombreuses solutions : poursuivre vers les 30 derniers mètres, centrer dans la surface ou initier un jeu en triangle avec ses partenaires d’attaque.  

Groupe B : Espagne, Mali, Ouzbékistan, Canada

Pape Thiaw : Depuis le début de cette édition, la verticalité est à l’honneur. C’est particulièrement vrai pour les défenseurs centraux et les gardiens, qui ont le jeu face à eux. Dans le groupe qui nous intéresse, certaines équipes ont eu recours à cette stratégie pour passer par-dessus les lignes et exploiter les forces de leurs ailiers ou de leurs joueurs offensifs dans les duels. En jouant sur leur vitesse et leur sens du dribble, ils ont pu porter le jeu rapidement dans le camp adverse. Ce jeu long et rapide, souvent utilisé pour initier un contre, a produit quatre buts et d’innombrables occasions, ici à Surakarta. Les gardiens y ont fréquemment eu recours pour neutraliser les équipes qui pratiquent un pressing très haut. Les plus efficaces dans ce registre sont certainement le Mali, l’Espagne, l’Ouzbékistan et le Panama (dans le Groupe A).

Les trois premiers nommés ont pris l’habitude de presser haut pour empêcher l’adversaire de conserver le ballon et de construire depuis l’arrière. En récupérant le ballon dans cette partie du terrain, il est possible de partir dans le dos de la défense. On peut se procurer beaucoup d’occasions franches de cette façon, car l’action commence très près du but adverse. Cette tactique est toutefois très exigeante physiquement. Pour l’appliquer, il faut disposer de joueurs athlétiques et endurants. C’était le cas de ces trois équipes, qui ont réussi à pratiquer un pressing très intense. Toutes partagent un certain nombre de points communs : la capacité à enfermer et harceler l’adversaire, et la qualité du placement, de la couverture et de la communication.

Tout au long de la phase de groupes, les latéraux ont brillé par leur polyvalence. Ce poste demande énormément d’énergie et de qualité technique car il faut être capable participer activement à la relance. En outre, la répétition des courses et des efforts réclame un mental à toute épreuve. La contribution des latéraux varie sensiblement d’une équipe à l’autre, en fonction des philosophies de jeu.

En attaque, ils jouent un rôle essentiel en apportant le surnombre sur leur côté, en effectuant des appels de façon être servis sur de longs ballons ou en multipliant les centres, à l’image de l’Espagnol Héctor Fort (2) sur la droite ou du Panaméen Juan Hall (5) sur la gauche. D’autres ont tenu une place très importante dans la construction du jeu de leur équipe, comme l’Ouzbek Azizbek Tulkunbekov (5), qui a régulièrement repiqué à l’intérieur pour se placer en position de second milieu défensif – une approche très intéressante.

Groupe C : Angleterre, Brésil, RI Iran, Nouvelle-Calédonie

Gemma Grainger : Dans le Groupe C de la Coupe du Monde U-17, l’action a été largement dominée par la volonté des équipes d’exploiter les espaces dans les couloirs et d’agir de façon concertée pour perturber les lignes défensives adverses. Les combinaisons dynamiques entre les ailiers, les milieux offensifs et les latéraux ont produit énormément de jeu. Dans l’ensemble, les ailiers n’ont pas craint d’aller au duel sur leurs vis-à-vis, faisant montre d’un savant mélange de détermination et d’efficacité dans cet exercice. Ces situations ont souvent débouché sur des occasions de but ou des actions offensives impliquant plusieurs coéquipiers.

Les rencontres du Groupe C ont aussi été marquées par des transitions offensives rapides, le plus souvent au moyen de longues passes vers l’avant ou des courses conséquentes entamées à la récupération du ballon. Sur le plan défensif, les équipes ont fait le choix d’une approche souple entre pressing haut/médian et bloc bas, autour d'une bonne gestion des espaces autour de la surface pour rester compétitif dans un groupe très disputé.

Groupe D : Argentine, Sénégal, Japon et Pologne

Pascal Zuberbühler : Plusieurs styles de jeu, parfois très contrastés, ont cohabité au sein du Groupe D. Nous avons également retrouvé un certain nombre d’éléments qui, pour moi, font tout le sel de ces compétitions. Pour ce qui est de la relance et de la construction du jeu, nous avons constaté que les équipes adoptaient des approches très différentes, entre jeu court et longs ballons ; ce contraste était particulièrement frappant dans les cas du Japon et du Sénégal. Dans l’ensemble, nous avons été impressionnés par le jeu offensif déployé, le niveau technique des joueurs et la qualité de l’exécution. Ces éléments se sont traduits par quelques rencontres prolifiques au cours desquelles nous avons remarqué que les équipes préféraient passer par-dessus les lignes ou les contourner. Dans les 30 derniers mètres, les joueurs ont essayé d’utiliser la largeur du terrain pour forcer l’entrée dans la surface et se procurer des occasions à proximité du but.

J’ai été particulièrement impressionné par le potentiel offensif des Sénégalais, qui ont utilisé leur vitesse et leur puissance pour semer la panique dans les rangs adverses. Au milieu de ce festival offensif, nous avons découvert quelques individualités tout à fait remarquables, notamment chez les Argentins. Ces joueurs ont fait preuve d’une grande habileté balle au pied, pour notre plus grand plaisir à tous.

Sur le plan défensif, les équipes de ce groupe s’appuyaient sur des stratégies claires et ont, le plus souvent, cherché à fermer les espaces au centre pour pousser leurs adversaires sur les côtés. C’était notamment le cas du Japon. Contre le Sénégal, ses défenseurs ont joué très près des deux milieux défensifs afin de limiter au maximum les options dans l’axe du terrain. Le gardien japonais a néanmoins contribué à la victoire de son équipe en se montrant à la hauteur, à chaque fois que les Sénégalais ont malgré tout trouvé la faille. En marge de ces organisations rigoureuses, nous avons assisté à des productions courageuses et volontaires, à l’image de celles livrées par la Pologne. Les performances n’ont cessé de progresser au fil des matches, de sorte qu’il me tarde de voir ce que la suite nous réserve.

Groupe E : France, États-Unis, Burkina Faso, République de Corée

Gemma Grainger : Les rencontres du Groupe E se sont déroulées sur un rythme particulièrement élevé. En dépit d’un pressing souvent très haut, les équipes se sont appliquées à relancer proprement. En revanche, les choix opérés dans la construction ont varié d’une équipe à l’autre. Un certain nombre de milieux centraux se sont ainsi révélés très habiles pour se retourner avec le ballon et faire progresser le jeu.

De leur côté, les défenses se sont montrées plutôt à leur avantage. On a ainsi vu un certain nombre de charnières centrales s’illustrer pour contrer des appels en profondeur de milieux de terrain ou résister à des attaquants prompts à venir provoquer en duel. En outre, les ailiers ont particulièrement brillé dans ce groupe. Très attirés par les situations de un contre un, ils ont souvent pesé sur l’issue des rencontres. Il faudra donc les surveiller de près au cours des prochains matches.

Groupe F : Allemagne, Mexique, Venezuela, Nouvelle-Zélande

Pascal Zuberbühler : Nous avons vu de très bons matches dans le Groupe F de la Coupe du Monde U-17. À l’heure du bilan, il convient de saluer l’attitude très positive des équipes, ainsi que leur capacité à faire la différence dans les duels. À ce niveau, les participants n’hésitent plus à adapter leurs stratégies pour empêcher l’adversaire de progresser au centre du terrain. Les événements du Groupe F confirment qu’il faut alors pouvoir compter sur de bons éléments dans les couloirs pour s’imposer.

L’Allemagne semble particulièrement bien dotée dans ce secteur. Ses joueurs de couloirs sont rapides et disposent d’une belle palette offensive : ils sont aussi à l’aise pour exploiter la profondeur que lorsqu’il s’agit de repiquer dans l’axe pour éventuellement tirer au but. Le Mexique a, lui aussi, appliqué cette stratégie avec succès.

Parallèlement, les attaquants centraux se sont distingués par des performances robustes. On constate par ailleurs que les joueurs ont souvent fait le choix de venir en nombre dans la surface pour tenter de conclure des actions menées sur les côtés. Malgré un compteur resté vierge, le Venezuela peut se réjouir des performances de ses milieux de terrain. La Nouvelle-Zélande n’a pas démérité non plus. L’expérience acquise en Indonésie sera sûrement précieuse par la suite.

Notons en conclusion que les équipes de ce groupe se sont appuyées sur des transitions rapides. L’Allemagne mérite une mention particulière : elle semble encore portée par son succès à l’Euro et affiche une belle cohésion dans ce domaine. Plus généralement, les équipes ont fait preuve d’un état d’esprit conquérant à la récupération du ballon. Elles ont souvent cherché à aller de l’avant le plus rapidement possible afin d’exploiter au maximum ces situations potentiellement cruciales.

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