Le centre de performance du Borussia Dortmund est l’une des académies les plus performantes d’Allemagne. Depuis 2014, les équipes U-17 et U-19 du club ont chacune remporté le championnat national à quatre reprises. Plus important encore, le Borussia continue régulièrement de produire des joueurs et entraîneurs talentueux et de les propulser au niveau professionnel.
Tirer les leçons des moments difficiles
Même lors des saisons les plus abouties, il y a des hauts et des bas. Il est très rare d’enchaîner les victoires du début à la fin. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas fait exception à la règle. Jusqu'à un certain point de la saison, on n’aurait sans doute pas imaginé remporter le championnat et la Coupe de Westphalie. La plupart des équipes ont des moments de moins bien en cours de saison. Nous, ça a été d’entrée. On a perdu le premier match chez nous contre le Bayer Leverkusen (qui finira en tête de la poule Ouest), alors qu'on a joué à onze contre dix pendant 25 minutes. Puis on n’a pris qu’un point le match suivant lors de notre déplacement à Paderborn.
On s’est recentrés sur nous-mêmes pendant une semaine pour remettre en question tout ce qu’on faisait.
Ce n’était pas le début de saison qu’on avait espéré. Mais avec le recul, ce mauvais départ a été fondateur pour la suite. Après le deuxième match, on s’est recentrés sur nous-mêmes pendant une semaine pour remettre en question tout ce qu’on faisait. On a cherché ce qui ne marchait pas et ce qu’il fallait améliorer. On s’est notamment rendu compte qu’on ne mettait pas l’intensité qu’on voulait voir en match, notamment parce que les joueurs s’entraînaient très dur et qu’ils manquaient de fraîcheur. On a donc décidé de faire encore plus attention au niveau de forme des joueurs à l’entraînement, plutôt que de simplement aligner notre meilleur onze sur le papier. Les garçons ont alors compris que jouer à 95% n’était pas suffisant pour gagner à ce niveau-là, et qu’ils allaient réellement devoir former un groupe soudé. Cette prise de conscience nous a permis de bâtir les fondations de notre succès.
Les clés du succès
La victoire ne tient jamais qu’à un seul facteur. Il s’agit de parvenir à réunir tous les ingrédients en même temps. C’est ce qui s’est passé pour nous. On a su tirer les leçons de notre mauvais début de saison pour revoir certains éléments qu’on utilisait les années précédentes. On a réfléchi ensemble, joueurs et entraîneurs, à ce qu’on pouvait changer, et certaines choses nous sont apparues comme des évidences. Petit à petit, la mayonnaise a commencé à prendre et on a renoué avec la victoire.
Se concentrer sur son jeu
La saison précédente, on a avait accordé beaucoup d’importance à l’analyse de nos adversaires. On regardait beaucoup de matches et on s’adaptait aux différents systèmes, surtout dans l’utilisation du ballon. On l’a beaucoup moins fait l’année dernière, car on s’est aperçus qu’on se focalisait trop sur le jeu des adversaires et pas assez sur nos propres joueurs. On a décidé de limiter notre analyse afin de ne cibler que certains éléments précis spécifiques à chaque équipe. Le pressing a été le seul secteur où on a véritablement prévu des ajustements tactiques pour contrer nos adversaires. On voulait s’assurer d’exercer constamment une grosse pression sur le porteur et d’aller régulièrement au duel, donc on devait resserrer les espaces dès les premières phases de notre pressing.
Mais à part ça, on s’en est tenus à notre style de jeu et on a gardé notre système durant toute la saison. On a défini des grands principes fondamentaux afin d’aider les joueurs à faire face à certains types de situation. On a par exemple travaillé la ressortie de balle face à une équipe évoluant à un, deux ou trois attaquants. Notre volonté était de leur faire comprendre que nous sommes le Borussia Dortmund, que nous avons notre style de jeu, et que c'est à nos adversaires de s’adapter, pas l’inverse. Cette approche nous a permis d’être beaucoup plus dominateurs dans le jeu. En ne modifiant que très légèrement notre façon de jouer d’un match à l’autre, on est devenus de plus en plus rodés, au point que chacun savait exactement ce qu’il avait à faire et quand. On a commencé à beaucoup mieux faire circuler le ballon et à inscrire davantage de buts par l’intermédiaire de plus de joueurs différents.
Rester fidèle à son identité
J’ai été très inspiré par une conférence organisée par la Bundesliga, où on nous a expliqué que la plupart des jeunes qui sortent des centres de formation ont du mal à s'adapter au niveau d’intensité exigé en professionnel. J’ai donc pris une décision avant même le début de la pré-saison : je voulais absolument que l’équipe joue avec une intensité maximale sur chaque phase de jeu. Mais pour y arriver en match, il faut y arriver à l'entraînement.
Il faut être très investis sur le plan émotionnel pour inculquer le bon état d’esprit.
On a beaucoup eu recours aux exercices à effectifs réduits sur petit terrain. C’est un bon moyen de générer de nombreux duels. On poussait les joueurs à se dépasser, notamment en phase de récupération. On leur demandait d’harceler constamment le porteur et de mettre un maximum d'intensité dans le pressing. Particularly out of possession, we demanded aggression and really high intensity. On a également été très clairs sur le fait qu’on serait intransigeants sur la discipline. Il faut être très investis sur le plan émotionnel pour inculquer le bon état d’esprit ; il ne suffit pas simplement de mettre en place les bons exercices. Avec le temps, les garçons ont intériorisé cette rigueur, et jouer de cette manière est devenu une seconde nature pour eux. Cette méthode a également eu pour effet secondaire de grandement améliorer leur condition physique. Ça s’est avéré déterminant durant la saison, car on a souvent réussi à prendre le meilleur sur nos adversaires après l’heure de jeu.
Esprit d’équipe
La cohésion de groupe et le sens du collectif sont indispensables au succès d’une équipe. Sur ce plan, on a dû résoudre une difficulté majeure, à savoir que certains joueurs de l’effectif arrivaient d’Espagne, d’Italie, etc. Ils se retrouvaient éloignés de leurs parents, dans un pays dont ils ne partageaient ni la culture, ni la langue. Il a donc fallu faire de ce groupe une véritable famille. Pour y parvenir, il était essentiel d’instaurer un climat de confiance, ce qu’on a pu faire grâce à de nombreuses discussions et réunions. On a organisé des entretiens individuels avec chaque joueur qui avait eu au moins 45 minutes de temps de jeu, et on en a profité pour évoquer aussi la vie en dehors du football. On a également mis en place un petit rituel : tous les lendemains de match, on prenait le petit-déjeuner tous ensemble et ce sont les joueurs qui s’occupaient de l’organisation et de la préparation. Les garçons passaient aussi beaucoup de temps ensemble. Ils allaient manger au restaurant, faisaient des sorties en pédalo ou allaient dans des parcs à thème. Des membres de l’encadrement technique pouvaient les accompagner, mais le but était surtout qu’ils aient des moments entre eux.
Un encadrement technique dévoué composé de profils variés
Pour qu’une équipe tourne bien, il faut un bon staff technique constitué de personnalités différentes. C’était clairement notre cas. On n’était pas toujours d’accord sur tout, mais c’est ce qui faisait notre force. Ça nous poussait à questionner nos certitudes. La décision finale me revenait, mais quoi que je décide, j’avais le soutien de tout le monde et personne ne prenait rien personnellement. L’entraînement était sacré et on préparait chaque séance dans le moindre détail. On planifiait les thèmes qu’on voulait aborder, la dimension des terrains sur lesquels on voulait mettre en place les exercices, ou encore les principes fondamentaux qu’on voulait travailler. On a tous mis beaucoup de cœur à l’ouvrage pour grandir collectivement et garder un cap commun, ce qui nous a permis d’aider les joueurs dans les moments importants.