#Coupe du monde de Beach Soccer de la FIFA

L’Espagne innove avec un système en 1-4-0

FIFA, 17 févr. 2024

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La Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, É.A.U. Dubaï 2024™ est désormais lancée et les premiers matches ont donné matière à réflexion aux membres du Groupe d’étude technique.

Les équipes en lice ont démarré la compétition en affichant des options stratégiques aussi contrastées qu’intéressantes. Il apparaît très clairement que les différentes sélections ont minutieusement préparé ce rendez-vous. L’approche tactique de l’Espagne pour son entrée en lice dans le Groupe B, contre la RI Iran, a particulièrement intéressé les membres du Groupe d’étude technique, comme l’explique Matteo Marrucci :

« Nous avons vu quelque chose de nouveau, dans ce match. Normalement, en phase offensive, toutes les équipes utilisent au moins un attaquant, chargé d’occuper la zone 4 (la surface de réparation adverse). Mais, dans certaines situations, contre l’Iran, les Espagnols ont opté pour une variation du 1-4-0 très courant dans le futsal. C'était clairement une instruction du sélectionneur Christian Méndez. Nous avons néanmoins pu constater que les déplacements et les intentions des joueurs étaient parfaitement orchestrés. Il ne fait aucun doute que ces séquences ont été travaillées en amont ».

Le sélectionneur espagnol Christian Méndez demande à ses joueurs de passer en 1-4-0.

Les équipes de beach soccer utilisent principalement deux systèmes : le 1-3-1 et le 1-2-2 (ou, éventuellement, un 1-2-1-1) le choix de l’Espagne est donc assez surprenant. Pour Marrucci, il s’agit en outre d’une tactique assez exigeante.

« Beaucoup d’équipes jouent en 1-4-0 en futsal, mais la surface favorise un jeu plus rapide. J’ai déjà envisagé d’appliquer quelque chose de similaire en beach soccer, mais ce n’est pas évident à mettre en place. Néanmoins, cette solution s’est avérée efficace contre les défenseurs iraniens, qui n’avaient encore jamais été confrontés à un telle dispositif. Les Espagnols les ont attirés dans des zones du terrain auxquelles ils n’étaient pas habitués et les leurs permutations ont posé de gros problèmes à l’Iran. J’observe également que cette stratégie a été souvent été déployée lorsque Chiky (11) était sur le terrain. »

Le 1-4-0 espagnol

Dans cette configuration, les Espagnols ont volontairement libéré des espaces dans la zone 4. Pour ce faire, les attaquants ont procédé à des appels vers les couloirs dans le but d’attirer leurs défenseurs. Ils ont en outre fréquemment permuté, quitte à abandonner leur rôle habituel. Les joueurs qui ont pris cette responsabilité se sont retrouvés dans des zones où ils n’étaient pas forcément attendus.  

En se basant sur la vidéo 1 ci-dessous, Dejan Stanković met en lumière la stratégie inhérente à ces mouvements incessants :

« On comprend tout de suite que, dès la phase de construction, les Espagnols veulent libérer la zone 4. Chiky part donc délibérément occuper une position excentrée (en zone 3). Il incite ainsi le défenseur droit iranien à ‘dézoner’ pour venir au marquage. Il est exceptionnel de ne pas voir au moins un joueur dans la surface de réparation (zone 4) lorsque le porteur du ballon occupe une position aussi avancée. Mais Chiky ne cherche pas à être servi ; il veut seulement libérer des espaces ». 

« L’appel en diagonal d’Oliver (3) illustre bien la volonté de l’Espagne de dégager au maximum les espaces axiaux. Ce faisant, il entraîne avec lui un défenseur, ce qui libère encore davantage d’espace au centre, tandis que Chiky reste en position sur le côté gauche. Ces mouvements permettent à Cabrera (7) de lancer un appel en profondeur. Certes, dans cet exemple, tout ne fonctionne pas à la perfection, mais on peut constater que les Espagnols ne laissent rien au hasard dans leurs appels et leurs permutations. Ils encouragent clairement les défenseurs adverses à délaisser la surface de réparation afin de pouvoir attaquer ces espaces eux-mêmes. »   

Dans la vidéo 2, le gardien espagnol Dona (1) a le ballon, mais les déplacements des autres joueurs poursuivent toujours le même but : dégager la zone 4 et perturber au maximum le placement des défenseurs adverses. 

« Une fois de plus, Chiky quitte la zone 4 pour s’excentrer. Lorsqu’il reçoit le ballon, deux défenseurs sont sur lui. Son appel a attiré un second défenseur, créant ainsi des espaces qu’Ardil va se charger d’exploiter tandis que, sur la droite, Arias (4) est désormais libre. L’Espagne peut potentiellement se retrouver en 2 contre 1 dans l’axe. À mesure que l’action se développe, les défenseurs iraniens doivent revoir leur placement pour s’adapter à celui des attaquants espagnols. Ardil dispose ainsi de tout le temps nécessaires pour exécuter un retourné acrobatique. »

Vidéo 1 : L’Espagne a recours à des appels intelligents et bien pensés pour libérer des espaces dans la zone 4, grâce à une variante du 1-4-0 inspiré du futsal.
Vidéo 2 : Les déplacements des attaquants espagnols perturbent la défense iranienne, ce qui permet à Ardil de marquer.

Résumé

Les Espagnols n’ont pas hésité à délaisser leur poste habituel. Ils ont ainsi posé des problèmes intéressants à leurs adversaires. En l’absence d’attaquant de pointe dans ce 1-4-0 en phase offensive, ils se sont appliqués à attirer les défenseurs iraniens dans des parties du terrain inhabituelles, les contraignant à un choix cornélien entre marquage individuel et défense en zone. Les appels en profondeur vers la zone 4 ont en outre contraint les attaquants adverses à redescendre très bas. Le jeu offensif déployé par l’Espagne a donc contribué à rendre cette rencontre des plus intéressantes.

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