Les Émirats arabes unis (É.A.U.), hôtes de la compétition, ont décroché la première qualification de leur histoire pour la phase à élimination directe grâce à leur victoire aux tirs au but sur l’Italie, championne d’Europe en titre. C’est la première fois dans l’histoire de la Coupe du Monde de Beach Soccer qu’un match s’achevait sur un 0-0 après prolongation. En nous appuyant à la fois sur les données produites par l’équipe d’Analyse des performances et tendances du football, présente pour la première fois sur la compétition, et sur notre cadre d’analyse du beach soccer, nous avons pu dégager quelques perspectives intéressantes sur le jeu pratiqué.
Certains matches ont été le théâtre de performances offensives impressionnantes. C’est particulièrement flagrant quand on analyse la capacité des équipes à réaliser des combinaisons offensives. Dans le cadre d’analyse, les combinaisons correspondent à des occasions de but précédées d’une séquence de passes qui permet à l’équipe de progresser à travers les zones 2, 3 et 4 du terrain. Ces attaques sont coordonnées et impliquent donc généralement plusieurs joueurs de l’équipe en possession du ballon. Le Belarus, qui a remporté trois de ses quatre premiers matches, est l’équipe qui s’est créé le plus d’occasions de but sur combinaisons offensives (32). Il est suivi par l’Iran (30), le Brésil (25), le Portugal (24) et Tahiti (22) parmi les quarts de finalistes. Parmi les autres statistiques majeures liées à la phase de groupes :
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Tahiti a inscrit six buts sur des retournés acrobatiques, soit le plus grand nombre de la compétition devant l’Iran (5).
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C’est l’Espagne qui a tenté le plus de retournés acrobatiques (38).
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Le Portugais Leo Martins a fini meilleur buteur de la phase de groupes avec 7 réalisations assorties de 4 passes décisives en 72 minutes et 25 secondes de jeu.
Groupe A
L’Italie, championne d’Europe en titre, a fini en tête du groupe A devant les É.A.U., le pays organisateur qui s’est qualifié pour la première fois de son histoire en phase finale de la compétition. Matteo Marrucci propose une vue d’ensemble des performances des différentes équipes du groupe.
Italie
« En tant que championne d’Europe en titre, l’Italie ne peut viser rien de moins que la victoire finale dans la compétition. Elle a le potentiel pour atteindre la finale et compte suffisamment de joueurs de talent pour rivaliser avec les autres favoris. Il y a quelques équipes de très haut niveau dans ce tournoi, et l’Italie en fait partie. Elle associe jeunesse et expérience, au service d’une panoplie tactique particulièrement étendue. L’équipe d’Italie a montré sa capacité à modifier son plan de jeu et à adapter sa stratégie, ce qui la rend imprévisible. »
É.A.U.
« L’ambiance des matches des É.A.U. est extraordinaire, le public local soutient totalement son équipe, ce qui a sans doute joué un rôle dans sa qualification historique pour les quarts de finale. Les joueurs sont très solides mentalement. Face à l’Italie, ils ont prouvé qu’ils pouvaient empêcher leur adversaire de marquer et qu’ils maîtrisaient suffisamment leurs nerfs pour parvenir à s’imposer aux tirs au but. Nul doute que cette équipe est en pleine confiance et croit en elle-même. Créateur attitré de l’équipe, Waleed Beshr (n° 4) est un joueur clé du dispositif émirati, sachant que l’équipe peut aussi compter sur d’excellents gardiens. La confrontation en quart avec l’Iran s’annonce passionnante. »
Égypte
« Pour sa toute première participation à la Coupe du Monde de Beach Soccer, l’Égypte peut être fière de son parcours. Elle a battu les États-Unis après prolongation et n’a perdu que d’un but face aux É.A.U., ce qui est très encourageant. C’était une expérience précieuse pour les Égyptiens, qui va les aider à franchir un palier. Ils pourront s’appuyer là-dessus pour développer leur propre style de jeu. »
États-Unis
« Après une belle performance lors de la dernière Coupe du Monde, où ils ont montré qu’ils pouvaient rivaliser avec les meilleures équipes, les Américains ont de quoi être déçus. Le forfait de leur capitaine Nick Pereyra juste avant la compétition leur a coûté cher : son expérience, sa qualité de jeu et son leadership leur ont beaucoup manqué. Mais ils ont du potentiel et devront tirer les bonnes leçons de cette compétition. »
Groupe B
L’Iran a fini premier devant Tahiti dans un groupe B très relevé, où l’Argentine et l’Espagne n’ont pas su hausser leur niveau de jeu. Dejan Stanković revient sur le déroulement de ce groupe B.
Iran
« Les Iraniens ont fini en tête de ce groupe grâce à trois victoires impressionnantes où ils ont déployé un jeu spectaculaire. Ils ont une équipe incroyablement forte avec douze joueurs de niveau équivalent, y compris leurs deux gardiens, ce qui a de quoi leur donner une confiance énorme. Ils pratiquent un jeu vraiment agréable, alliant physique, technique, endurance et panache. La qualité et la profondeur de leur effectif constituent un atout de taille. Cela pourrait jouer un rôle déterminant tant leurs deux blocs sont forts. »
Tahiti
« On a vraiment vu de quoi était capable cette équipe pendant son match face à l’Espagne, où elle a gagné 5-3 après avoir été menée 3-0. Les Tahitiens ont fait preuve de caractère et de polyvalence tactique, passant d’un 1-2-2 initial à un 1-3-1 qui a complètement changé la donne. Avant la compétition, ils ont effectué un stage d’entraînement de six semaines qui a vraiment porté ses fruits lors de cette rencontre. Au-delà de leur excellente qualité technique, ils sont très polyvalents sur le plan tactique, ce qui constitue un réel atout. »
Argentine
« L’Argentine a raté de peu sa qualification, n’ayant été réellement dominée par aucun de ses adversaires. Elle s’est procuré beaucoup de belles occasions mais il lui a manqué un peu de tranchant devant le but. Et à ce niveau, ça ne pardonne pas. Ce n’est pourtant pas l’envie qui a manqué, et cette équipe possède un réel potentiel. Il lui manque juste un tout petit peu de qualité pour s’imposer à ce niveau. »
Espagne
« L’Espagne a connu un tournoi difficile. Il lui a peut-être manqué l’expérience et l’influence dans le jeu d’Edu Suárez (blessure) et Llorenç (retraite internationale). J’ai souvent affronté l’Espagne et je sais d’expérience que c’est une équipe redoutable. Les Espagnols s’étaient pourtant bien préparés avant la compétition, mais quelques mauvaises décisions dans les moments clés leur ont été fatales. Il ne faut toutefois pas oublier que cette équipe compte quelques espoirs extrêmement prometteurs. On peut donc penser que l’Espagne s’appuiera sur cette expérience pour revenir plus forte. »
Groupe C
Le Belarus et le Japon ont dominé un groupe C de très haut niveau. Matteo Marrucci revient sur les performances de chaque équipe.
Belarus
« Avant la compétition, je m’attendais à ce que le Belarus ait progressé, mais pas au point de dominer autant son groupe. Les Biélorusses étaient très affûtés après leur stage de préparation et ont su remporter leurs trois matches avec une certaine marge face à de très bonnes équipes. L’équipe est bien structurée, les joueurs sont en excellente condition physique et ils sont très organisés en attaque comme en défense. Tous les joueurs maîtrisent leur partition sur le bout des doigts. Et puis il existe une belle dynamique entre les joueurs et le sélectionneur. C’est une équipe très intéressante. »
Japon
« Les principes de jeu du Japon sont similaires à ceux du Belarus. Les Japonais sont très actifs, extrêmement bien organisés en attaque comme en défense et très disciplinés. Peu importe ce qui se produit sur le terrain, ils restent concentrés sur leur mission, sans se disperser ni perdre leur sang-froid. Ozu (n°10) est le leader technique de l’équipe. Tous les autres joueurs sont pleinement focalisés sur leurs tâches. Ils trouvent les ressources pour gagner. Pour cela, il faut une grande culture du jeu et une stratégie efficace devant et derrière. »
Sénégal
« Lors de la Coupe du Monde 2021, le Sénégal a prouvé qu’il était capable de battre les meilleures équipes du monde. Les Sénégalais brillent dans les transitions offensives, mais ils restent parfois vulnérables en défense, où ils laissent des brèches que les meilleures équipes savent exploiter. Sur le plan physique, ils sont explosifs, ce qui explique pourquoi ils sont si bons dans les phases de transition, mais le Japon et le Belarus ne leur ont pas laissé la possibilité d’en profiter, d’où les deux défaites. Les Sénégalais ont eu du mal face aux défenses organisées, bien structurées et disciplinées, mais ils ont été très efficaces en contre. »
Colombie
« C’était la première participation de la Colombie à une Coupe du Monde de Beach Soccer. Nul doute que l’équipe saura mettre à profit cette expérience. C’est une équipe sud-américaine typique, avec des joueurs rapides et techniquement doués. Ils sont bien organisés, mais il leur a manqué un brin d’expérience et de qualité pour mieux faire dans une compétition de ce niveau. Les Colombiens n’ont jamais été complètement débordés, mais ils n’ont pas non plus réussi à contrôler leurs matches ni à dominer leur adversaire. Cette expérience précieuse va les aider à grandir. »
Groupe D
Le Brésil et le Portugal n’ont pas tremblé et disputeront les quarts de finale. Dejan Stanković évoque pour nous le déroulement de ce groupe D.
Brésil
« Malgré ce que pourraient laisser penser ses trois victoires en trois matches, le Brésil n’a pas déployé un jeu flamboyant. Sous la direction de leur nouveau sélectionneur, Marco Octávio, les Brésiliens ont abordé la compétition dans un nouveau schéma tactique (en 1-2-2) et tout laisse à penser qu’ils vont monter en puissance lors de la phase à élimination directe. Certains joueurs brésiliens affichent un niveau technique incroyable, mais cette année, le plateau des quarts de finale est très relevé. Si le Brésil veut gagner cette Coupe du Monde, il lui faudra montrer autre chose, mais on peut légitimement penser que c’est bien ce qui va se produire. »
Portugal
« Le premier bloc du Portugal est très solide. Entre ces joueurs qui évoluent ensemble à Braga, il existe un lien très fort, ils se comprennent parfaitement. Quand ils trouvent la bonne alchimie, les Portugais peuvent marquer beaucoup de buts, c’est une équipe très dangereuse. Ils ont perdu face au Brésil sur la plus petite des marges, ce qui leur a valu quelques sueurs froides face à Oman en dernière journée. Mais les bonnes équipes trouvent généralement les ressources pour gagner. Le Portugal dispose de joueurs capables de jouer très bien aux moments importants pour parvenir à s’imposer. Il sera intéressant de voir comment ils vont utiliser leurs blocs pour le reste de la compétition. »
Oman
« Les Omanais se sont très bien préparés pour cette Coupe du Monde et ça s’est vu dans leurs performances sur le terrain. Il leur a manqué un peu de réussite pour se qualifier, et ils ont eu la malchance de tomber dans le même groupe que le Brésil et le Portugal, mais ils ont montré qu’ils étaient capables de rivaliser avec les meilleurs. Ils disposent d’excellents joueurs et ils sont très bien entraînés. On sent qu’ils ne sont pas loin de franchir un palier pour aller plus loin dans les grandes compétitions. C’est une équipe agréable à voir jouer. »
Mexique
« Cette équipe a vraiment progressé d’un match à l’autre dans ce groupe. Sous les ordres de son nouveau sélectionneur, Francisco Cati, il n’est pas difficile de voir que cette équipe possède un réel potentiel, à commencer par la qualité de son effectif. Après une lourde défaite d’entrée de jeu face au Portugal, les Mexicains ont su montrer au troisième match, face au Brésil, qu’ils avaient à la fois le caractère et les qualités pour progresser. Ils ne sont pas passés loin d’un bon résultat face au Brésil. Il y a de quoi être optimiste. Ça va être très intéressant de voir cette équipe évoluer dans les prochaines années. »
Affiches des quarts de finale
Les quarts de finale seront les suivants :