L’art de défendre : contrer les retournés acrobatiques

Après les deux premières journées de la phase de groupes, 245 tentatives de retournés acrobatiques ont été comptabilisées, pour 15 buts marqués de la sorte. Au total, 40 de ces tentatives ont également été contrées par les défenseurs. Matteo Marrucci, membre du Groupe d'étude technique de la FIFA, décrit les caractéristiques techniques de certains des contres les plus impressionnants observés jusqu’à présent dans cette Coupe du Monde de Beach de la FIFA, É.A.U. Dubaï 2024™.

« De mon expérience de joueur, contrer un retourné acrobatique est un geste technique sous-estimé. Bien souvent, il ne fait pas l’objet d’un entraînement spécifique, mais chaque joueur doit être capable de l’exécuter, y compris les attaquants puisqu’ils sont de plus en plus amenés à devoir défendre sur ce genre de situation. C’est quelque chose qui doit donc être étudié et travaillé. La technique et le timing sont deux aspects très importants, parce que le retourné acrobatique est un geste protégé. Une fois que l’attaquant a le contrôle du ballon, le défenseur ne peut plus le toucher, donc le seul moyen de défendre face à un retourné acrobatique, c’est de le contrer », explique-t-il.

Lorsqu’il jouait encore, Marrucci était un défenseur réputé. Ayant aujourd’hui embrassé la carrière d’entraîneur, il livre ses clés concernant l’art de défendre contre ce geste acrobatique et explosif.

« Du point de vue du défenseur, l’idéal est de se positionner devant l’attaquant pour tuer l’action dans l’œuf. Mais si l’attaquant passe devant, que le ballon est en l’air et qu’il a déjà effectué une touche pour le contrôler, je conseille à mes joueurs de reculer d’un pas. De cette manière, vous assurez votre positionnement et réduisez le risque de contact, qui peut conduire les arbitres à siffler une faute contre vous. Ensuite, vous devez sauter dans le bon timing et là, il y a différentes manières de faire. Les vidéos ci-dessous proposent différents types de contre », ajoute-t-il.

Selon Marrucci, sauter de façon à contrer le retourné acrobatique avec son dos est typique du beach soccer. 

« Comme on le voit dans le vidéo n°1, le défenseur croise les bras sur sa poitrine au moment de sauter pour éviter tout contact avec les mains, mais il doit aussi veiller à faire un demi-tour complet pour opposer la surface corporelle la plus grande possible dans les airs. C’est ce que le Colombien Edu López (n°5) réalise à la perfection dans cet exemple. Si le défenseur est en biais au moment où l’attaquant frappe, il laisse plus de place de chaque côté de lui pour que le ballon passe. Ce type de contre est surtout pertinent quand il y a le temps de préparer son geste, c’est-à-dire quand l’attaquant effectue une ou plusieurs touches de balle et que le défenseur est suffisamment proche. »

« Quand il y a moins de temps, essayer de contrer un retourné acrobatique devient plus instinctif. Dans la vidéo n°2, on constate qu’il n’est pas possible d’interrompre l’action parce que sur son contrôle, l’attaquant se met déjà en position d’exécuter son retourné. Ici, on voit le Brésilien Diogo Catarino (n°4) sauter et se retourner très rapidement pour contrer le ballon », détaille-t-il.

Parfois, les joueurs choisissent de contrer le retourné acrobatique en se positionnant de face par rapport à l’attaquant. Pour ce faire, le défenseur saute et baisse la tête pour faire en sorte qu'en cas de contact, l’impact se situe au niveau du front. À Dubaï, ce geste est notamment effectué par le Japonais Ozu Moreira (n°10), Ballon d’or de la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA 2019™.

Marrucci détaille la technique en s’appuyant sur la vidéo n°3 ci-dessous. 

« Ici, Ozu reste face à son adversaire afin de ne pas perdre le ballon de vue. Quand vous sautez en vous retournant, vous ne voyez pas si l’attaquant effectue une touche de balle supplémentaire et vous courez donc le risque d’être déjà de retour au sol au moment de la frappe. De cette manière, Ozu voit tout ce qui se passe. Il baisse la tête pour protéger son visage, mais sa taille lui donne un bel avantage dans cette situation. Ceci dit, tous les joueurs tenteront ce type de contre, peu importe leur taille. » 

La nature explosive et acrobatique du retourné entraîne parfois une réaction tout aussi explosive et acrobatique du défenseur. Ainsi, il est possible d’essayer de contrer un retourné acrobatique avec le pied, en dernier ressort. Ce type de contre est extrêmement difficile à réaliser, aussi bien d’un point de vue technique que physique.

D’après Marrucci, « il faut être très athlétique et explosif pour y parvenir . Le timing et l’exécution doivent être parfaits. Le défenseur peut y avoir recours quand il n’est pas assez proche pour tenter un contre plus classique. En tendant son ou ses pieds, il a peut-être une chance de toucher le ballon. Dans la vidéo n°4, on en voit un superbe exemple par le biais de l’Iranien Amirhosein Akbari (n°2). Comme il est trop loin pour intervenir avec un contre de dos ou de face et qu’en plus il arrive par le côté, il n’a pas d’autre choix que de tenter un contre du pied. Le timing, la précision et l’agilité pour réaliser ce geste sont très difficiles à acquérir et il faut absolument les travailler. » 

Défendre face à un retourné acrobatique suppose dynamisme et explosivité. Le timing, l’agilité, la prise de décision et le courage sont autant d’aspects nécessaires pour réaliser les différents types de contre. Au même titre que les retournés acrobatiques eux-mêmes, ces gestes défensifs constituent une forme d’art qu’il convient de travailler encore et encore pour en maîtriser tous les aspects.