#Programme de développement des talents

Entraîner les talents

FIFA, 2 nov. 2022

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Pour exploiter tout leur potentiel, les joueurs ont besoin de s’entraîner. Les opportunités d’entraînement et les parties prenantes constituent les deux leviers principaux de cet aspect. Dans les pages suivantes, nous nous intéresserons plus en détail à ces deux facettes et à leur influence sur la phase d’entraînement dans le parcours des talents.

Introduction

Au sein de l’écosystème du football, de nombreuses variables influent sur le développement des talents, notamment les possibilités d’entraînement offertes aux jeunes joueurs et la convergence des principaux acteurs et partenaires du système. Pour atteindre le plus haut niveau, un footballeur doit perfectionner un certain nombre de compétences de base. Il lui faut donc pouvoir s’entraîner régulièrement sous la direction d’entraîneurs compétents. Dans chaque pays, un certain nombre d’acteurs et de partenaires jouent un rôle essentiel dans l’élaboration d’un environnement propice à la formation et au développement des joueurs. Pour définir un parcours clair et solide qui minimise les abandons et maximise les possibilités, pour les plus talentueux, de réaliser leur rêve de devenir joueur professionnel, tous doivent travailler de concert. 

Actuellement, beaucoup de joueurs talentueux ne sont pas en mesure de bénéficier des entraînements qui leur permettraient d’atteindre le haut niveau. De plus, dans un certain nombre de pays, les acteurs et les partenaires clés qui définissent les contours de l’environnement du football et du développement des joueurs n’agissent pas en synergie. Ces deux manquements soulèvent une question : jusqu’où ces joueurs pourraient-ils aller s’ils évoluaient dans un cadre optimisé ? Au cours de cet article, nous reviendrons plus en détail sur chacun de ces deux aspects, avant de formuler un certain nombre de conclusions susceptibles de contribuer à tirer le meilleur des jeunes talents autour de nous.

Possibilités d'entraînement

Proposer un maximum d’opportunités d’entraînement et d’interaction entre les entraîneurs et les joueurs contribue à améliorer les chances de développement du joueur. Une étude du nombre d’entraîneurs par joueur peut contribuer à éclairer différents contextes : un ratio relativement bas indique un système dans lequel les entraîneurs ont davantage de possibilités de répondre aux besoins spécifiques de chaque joueur. En outre, les joueurs ont besoin de s’entraîner avec des partenaires d’un niveau similaire au leur : plus le niveau de la cohorte est élevé et plus les individus qui la composent auront tendance à repousser leurs limites, sous l’effet de la stimulation. Quoi qu’il en soit, le joueur doit toujours se trouver au centre des entraînements. Il paraît donc judicieux de concevoir les plannings d’entraînement de façon à optimiser à la fois le travail et les jeux, réduisant ainsi les risques de blessures liées à la charge de travail, notamment durant les années de croissance.

Les académies des fédérations du Top 20 proposent un plus grand nombre de semaines d’entraînement par saison.

Le graphique ci-dessous montre le nombre moyen de semaines d’entraînement par année et le nombre moyen de minutes d’entraînement par semaine. Globalement, les garçons ont plus de semaines d’entraînement que les filles (39 semaines en moyenne contre 37,9 pour les filles). Pour les deux sexes, les académies des pays du Top 20 proposent un nombre de semaines d’entraînement bien plus élevé que dans les pays moins bien classés.

Les académies des fédérations du Top 20 proposent un meilleur ratio de joueurs par entraîneur, chez les garçons comme chez les filles

On note que le nombre de joueurs par entraîneur est plus élevé chez les fédérations qui figurent dans le bas du Top 100. Les académies des fédérations du Top 20 présentent le meilleur rapport de joueurs par entraîneur chez les garçons comme chez les filles, et ce dans toutes les tranches d’âge (U-9 à U-11, U-12 à U-15 et U-16 à U-21). À titre d’exemple, le nombre moyen de joueurs par entraîneur des U-9 aux U-11 dans le Top 20 s’établit à 10,4 ; ce chiffre monte à 12,4 dans les fédérations classées entre la 51e et la 100e place, soit une augmentation de près de 20%.

Observations :

  • Idéalement, les entraîneurs d’une même académie devraient appliquer un schéma d’entraînement cohérent dans l’ensemble des catégories d’âge. Un tel programme comprend des objectifs et des critères à remplir sur l’ensemble de la saison, avant d’accéder à la catégorie supérieure.

  • L’application de modèles d’entraînement adaptés à chaque âge constitue un bon moyen d’optimiser le développement.

  • En effet, tous les joueurs ne progressent pas de la même manière. Il semble donc judicieux de proposer des méthodes d’enseignement et d’entraînement aussi variées que possible, sur le terrain comme en dehors. Peut-être est-il également possible de rendre le joueur acteur de son propre développement. Pour ce faire, il est possible de lui proposer des exercices qui lui permettront d’acquérir de nouvelles compétences ou d’affiner sa compréhension du jeu. 

  • Chaque footballeur est unique et, à ce titre, les académies ont également intérêt à prendre en compte sa croissance. Les plus précoces peuvent donc être surclassés à l’entraînement, afin d’accélérer leur progression en les plaçant au contact de joueurs similaires en termes de stature et de physique. À l’inverse, les enfants dont la croissance est plus lente gagneraient à jouer avec des joueurs plus proches de leur gabarit. C’est ce que l’on appelle le « bio-banding » et cela constitue une approche intéressante et enrichissante pour des matches ou des séances d’entraînement.

  • Pour les entraîneurs, l’essentiel reste de mettre en avant la notion de plaisir et de laisser les joueurs s’exprimer sur le terrain.

Acteurs et partenaires du développement des talents

Un certain nombre d’acteurs et de partenaires stratégiques jouent un rôle important dans le développement des joueurs. Ainsi, l’association membre gère toute la base du système (notamment les différents types d’académies comme les clubs, les écoles et les centres d’excellence) et veille à ce que chacun adhère au plan de développement global, afin de créer un environnement propice à l’éclosion des talents. Compte tenu de la place prééminente qu’elles occupent au niveau du développement des joueurs, et ce dans la grande majorité des associations membres, les académies comptent naturellement parmi les principaux acteurs de ce processus. Il est donc crucial pour les fédérations de nouer des partenariats, mais aussi de soutenir et de contrôler les systèmes mis en place par les académies, lorsque ceux-ci existent.

Sur cet aspect, il s’agit, pour les associations membres, de trouver le bon équilibre entre deux rôles. D’une part, la fédération supervise l’ensemble du système et contrôle la qualité de l’environnement proposé par les clubs et les académies ; d’autre part, elle est, elle aussi, directement responsable du développement des joueurs au sein de ses différentes équipes nationales. Il convient de souligner que l’implication de ces institutions dans la formation varie sensiblement d’un pays à l’autre. Ainsi, par exemple, une école peut venir compléter le travail de l’académie d’un club dans un pays donné, tandis que, dans un autre, les établissements scolaires seront les seuls à donner accès au football organisé. Il est donc nécessaire d’examiner attentivement la situation du pays au moment de prendre en compte le rôle des acteurs et des partenaires au sein de l’écosystème du football.

Les académies des clubs sont les principaux acteurs du développement des joueurs au sein des fédérations du Top 100.

 

 

Dans la majorité des associations membres du Top 100, les académies des clubs jouent un rôle essentiel dans le développement des talents, qu’ils soient masculins ou féminins. Pour soutenir le développement des joueurs, un nombre important de fédérations s’appuient sur des centres d’entraînement de premier plan au niveau national ou régional. En ce qui concerne le football féminin, 79% des associations membres du Top 20 intègrent des académies et diverses institutions dans leur plan de développement des joueuses sur le long terme ; à titre de comparaison, la proportion n’est que de 50% dans le Top 20 masculin.

Observations :

  • Dans la mesure du possible, l’association membre doit prendre la main dans la gestion du contrôle et de la réglementation des académies. De nombreuses associations membres ont obtenu de bons résultats en utilisant les normes ISO (Independent Standards Organisations) pour l’évaluation et le contrôle de la formation.

  • Les fédérations et les clubs ont également la possibilité de fixer des objectifs pour le développement de joueurs locaux. Ces objectifs concernent généralement les débuts effectués ou le nombre de matches disputés par certains joueurs dans le championnat professionnel local.

  • La création d’un plan de performance des académies constitue une étape essentielle pour l’implication de ces institutions dans le développement des joueurs à long terme. Ce plan se présente sous la forme d’une stratégie conçue par l’académie et, dans l’idéal, validée par l’association membre, qui précise les objectifs à long terme de l’établissement.

  • Les joueurs des académies qui accèdent à l’équipe professionnelle sont encore relativement rares, une situation qui reste perçue comme une faiblesse systémique. Les associations membres les plus entreprenantes cherchent à réguler la situation en demandant aux académies et aux clubs de continuer à suivre les joueurs, une fois leur formation achevée.

  • L’éducation des parents/tuteurs représente un autre outil important pour le développement des joueurs. En conséquence, les associations membres et les clubs sont invités à travailler de concert afin que les familles soient correctement informées. Cet aspect est particulièrement important lorsque les joueurs et leurs familles intègrent le monde du football international et les académies de haut niveau.

  • Les académies privées ont un rôle important à jouer dans le développement des talents, surtout dans les pays où les clubs ne possèdent pas d’académies. Les associations membres doivent s’assurer que ces organismes privés adhèrent au plan de développement des joueurs sur le long terme et respectent les règles en vigueur.

Conclusions

  • Privilégier la qualité du temps partagé. Pour espérer réaliser son rêve et devenir professionnel, le joueur doit avoir la possibilité de s’entraîner et de progresser sous le regard attentif d’entraîneurs qualifiés. Comme le démontre l’analyse, les académies des fédérations du Top 20 présentent un meilleur ratio de joueurs par entraîneur que celles moins bien classées.

  • Mettre en avant le développement individuel au sein du collectif. En introduisant cette approche dans la formation des entraîneurs et dans leur travail au quotidien, les académies pourront adapter leurs programmes afin de les adapter aux besoins des joueurs les plus prometteurs. Pour ce faire, il peut être utile de reconnaître et partager les meilleures pratiques entre les différents acteurs du football, de manière organisée et en menant des initiatives de coopération avec des écoles, de façon à maximiser le temps de contact.

  • Garder un œil sur les éclosions tardives. La mise en place de programmes d’avenir ou d’équipes « bis » permet d’élargir le réservoir de talents et d’accompagner des joueurs susceptibles de se développer sur le tard.

  • Permettre aux employés de l’académie de se former. Les directeurs, les entraîneurs et tous les employés de l’académie devraient avoir la possibilité de s’instruire, sur place ou en ligne, sur les différents aspects d’un établissement d’élite (par exemple : gestion d’un club et d’une académie, football, santé et performance, identification et développement des talents, recrutement, etc.) en mettant l’accent sur le développement des joueurs à long terme. Dans cette optique, la formalisation des plans et des évaluations de performance de l’académie doit faire l’objet de plus d’attention.

  • Maintenir des normes de qualité. Les incitations mises en place par la fédération doivent s’inscrire dans un système d’assurance qualité qui définit des normes spécifiques que les académies et les centres d’entraînement doivent respecter, de façon à s’assurer que ces derniers ont de bonnes pratiques au quotidien. Un système de licence ou de certification peut stimuler l’investissement dans le développement de talents et optimiser le système d’enseignement du football. De plus, il permettrait d’attirer les talents vers les centres d’entraînement les plus performants.

  • Investir dans le développement du football féminin. Parmi les actions les plus importantes dans ce secteur, citons la professionnalisation des effectifs des académies de filles, l’augmentation du temps de contact avec les joueuses et la promotion d’un système de compétition plus équilibré.

  • Trouver des financements pour la professionnalisation des académies et des centres d’entraînement. Les infrastructures et les ressources humaines constituent les principaux secteurs à développer dans ce domaine.

Parcours de formation des talents – Rôle des académies

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