Temps de jeu

Les recherches de la FIFA montrent que, dans de nombreuses régions du monde, les jeunes ne bénéficient pas d’un environnement suffisamment compétitif, ce qui entrave leur progression. Tant en termes d’investissement que de développement, ils auraient tout à gagner à participer à des compétitions amusantes, organisées de façon à optimiser leur temps de jeu et à associer les meilleurs entre eux.

Les compétitions de jeunes de haut niveau jouent un rôle central dans le développement des joueurs car elles réunissent les joueurs les plus talentueux du pays. À ce niveau, l’aspect innovant et la diversité des formats de compétitions peuvent avoir un impact conséquent sur le développement des joueurs. Il existe d’importants écarts dans le nombre de matches de jeunes disputés par les clubs selon les régions du globe. On observe également un manque global de compétitions organisées par de nombreuses fédérations pour les catégories U-14 et U-15, aussi bien chez les garçons que chez les filles. À partir de 16-17 ans, on observe un taux d’abandon élevé tous sexes confondus, dû en partie à un manque d’opportunités de transition vers le football senior.

Observations :

• Les fédérations les mieux classées disposent de programmes complets d’organisation de matches, qui mettent l’accent sur un développement global des joueurs. Des expériences internationales et des tournois exposant les joueurs à une grande variété d’adversaires et de styles de jeu sont organisés de manière complémentaire aux compétitions nationales de jeunes.

• Pour de nombreuses fédérations, les contraintes géographiques et les restrictions financières sont considérées comme deux facteurs importants limitant l’organisation de compétitions de jeunes sur toute l’année.

• Les joueurs issus de régions rurales disposent d’opportunités de jeu significativement plus réduites que les joueurs issus de régions urbaines et métropolitaines. Ceci s’explique par un manque de clubs et d’infrastructures adéquates.

• Un nombre important de pays ne disposent pas de suffisamment de catégories d’âge pour permettre une transition en douceur du football de jeunes vers le football senior. Il en résulte un manque d’opportunités de jeu pour certaines catégories d’âge spécifiques.

• Les pays ne disposant pas d’un système d’académies de club s’appuient énormément sur les compétitions scolaires pour combler le manque d’opportunités de jeu.

• De nombreuses fédérations ne disposent pas de systèmes d’enregistrement, qui permettraient de réunir les informations essentielles concernant les joueurs et de proposer des compétitions de jeunes sur mesure.

• Dans les fédérations du Top 20, l’augmentation du nombre de joueurs enregistrés est peut-être liée au niveau d’infrastructures, à l’accès au football organisé et aux systèmes de développement des jeunes.

Au niveau international, le football de jeunes doit également être organisé de façon à permettre aux meilleurs talents de se mesurer les uns aux autres dans toutes les catégories d’âge. La participation régulière à ce genre de compétitions fournit aux joueurs une expérience inestimable et une meilleure compréhension des exigences du sport de haut niveau. De plus, l’encadrement technique peut également se faire une idée claire du niveau requis et des ajustements nécessaires pour l’atteindre. En outre, il est important de souligner que les opportunités de jouer au niveau international ne profitent pas seulement aux fédérations, mais aussi aux académies, qui peuvent tirer des enseignements clés en termes de développement, et les intégrer à un programme de progression.

Chez les U-16/17 et les U-19/20, les équipes nationales masculines et féminines des associations membres du Top 20 disputent plus de matches que les autres, sur une période de deux ans. Sur la même période, les sélections de jeunes des fédérations
classées entre la 51^eet la 100^e place disputent au contraire le moins de matches, l’écart pouvant atteindre plus de 50% dans certains cas.

Observations :

• Les fédérations doivent continuer à améliorer la qualité de leurs programmes de matches dans toutes les catégories d’âge, chez les filles comme chez les garçons. Cela s’avèrera particulièrement nécessaire pour les équipes nationales féminines de jeunes, qui sont moins susceptibles de disputer un nombre approprié de matches.

• Toutes les confédérations doivent s’employer à organiser plus de compétitions internationales annuelles pour les équipes de jeunes, et travailler avec les fédérations afin de veiller à ce que davantage de sélections de jeunes, en particulier féminines, soient créées dans les différentes catégories d’âge.

• Les fédérations les plus performantes disposent d’un temps limité pour organiser l’entraînement de leurs sélections de jeunes, les joueurs étant souvent accaparés par leur travail au sein des académies de clubs professionnels. La mise à disposition de ces joueurs intervient donc principalement pendant les compétitions internationales. À l’inverse, les associations membres qui disposent d’académies nationales propres peuvent plus facilement organiser des journées d’entraînement avec leurs jeunes internationaux.

• Les directeurs techniques des fédérations les plus performantes ne se focalisent pas uniquement sur le nombre de matches disputés, mais également sur le niveau des adversaires. Ces associations membres ont compris que leurs joueurs ont besoin de se mesurer aux meilleurs adversaires possibles. Toutes les fédérations ne sont pas confrontées aux mêmes problèmes lorsqu’elles cherchent à étoffer le calendrier de leurs sélections de jeunes. Toutefois, certaines d’entre elles doivent faire face à des problèmes similaires. Les confédérations et la FIFA ont donc tout intérêt à les réunir, afin de leur permettre d’échanger et de partager leurs solutions.

• Augmenter le temps de jeu au niveau national. Mettre en place un programme de matches visant à maximiser les opportunités de jeu pour tous les groupes d’âges et à réduire les écarts qui favorisent l’abandon.

• Plus d’opportunités pour les femmes. Il est recommandé pour les fédérations d’inciter les clubs masculins à créer des sections féminines, notamment une académie et une équipe première. Les championnats nationaux féminins doivent être professionnalisés. Créer des équipes dans toutes les catégories d’âge permettra également d’améliorer le niveau des clubs.

• Élargir la palette d’expériences de jeu. Pour consolider et perfectionner leurs acquis, les joueurs doivent se confronter à différents types d’opposition et différents formats de compétition. Les académies et autres structures de football de jeunes doivent trouver un équilibre entre opportunités de compétitions et de développement dans les programmes d’entrainement et de jeu tout au long du parcours des joueurs.

• Augmenter le temps de jeu au niveau international. Il faut augmenter au niveau régional ou de la confédération la possibilité pour les équipes nationales seniors et de jeunes de disputer des matches à enjeu en plus des Coupes du Monde, en créant de nouvelles compétitions (des championnats régionaux par exemple), des tournois, etc. Il faudra repenser la structure des compétitions de jeunes organisées par la FIFA et par les confédérations afin de s’assurer que toutes les catégories d’âge aient la possibilité de disputer des tournois majeurs. De la même façon, il faudrait augmenter le nombre de catégories d’âge et la fréquence des Coupes du Monde de jeunes. Par ailleurs, les confédérations doivent envisager de créer des compétitions internationales comprenant différents niveaux. Les jeunes joueurs pourraient ainsi disputer davantage de matches face à des adversaires de niveau équivalent, ce qui donnerait des rencontres plus équilibrées.

• Investir dans les infrastructures du football de base et du football de jeunes. Des investissements judicieux permettront de disposer de surfaces de jeu adaptées à l’âge, d’infrastructures annexes et d’équipements footballistiques plus nombreux et de meilleure qualité.