Le rôle des compétitions : L’Afrique se dote d’une compétition U-15

Cette compétition U-15 prototypique à trois participants, organisée au centre d’excellence du Maroc, n’a fait en réalité que des gagnants : l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Maroc ainsi que le football de jeunes africain en général.

« Quand nous nous sommes penchés sur l’analyse de l’écosystème du football mondial, il est devenu évident que les équipes nationales de jeunes africaines n’ont pas assez d’occasions de participer à des compétitions. Dans beaucoup de fédérations, la première compétition préparée, celle pour laquelle on met sur pied une équipe nationale pour la première fois, c’est la Coupe du Monde U-17 de la FIFA », a expliqué Ulf Schott, chef du département Programme de haute performance de la FIFA. Contrairement aux équipes d’autres confédérations, les sélections africaines ont rarement l’occasion de disputer des compétitions U-15.

« Dans le cadre du Programme de développement des talents, nous nous sommes vite rendu compte qu’il fallait cibler la catégorie en-dessous, pour qu’ils disputent des matches internationaux plus tôt », a ajouté Ulf Schott. « Nous voulions aussi constituer un environnement où la victoire n’est pas un objectif absolu et où les joueurs ainsi que les entraîneurs ont le droit à l’erreur et peuvent apprendre. »

Cet événement pilote a reçu le soutien du Programme de développement des talents de la FIFA et de la Fédération royale marocaine de football, qui l'a accueilli au sein de son centre d’excellence de premier ordre (lequel avait déjà reçu le Centre de ressources technique de la FIFA en 2022).

L’expérience engrangée dans le cadre de ce type de compétition ne se limite pas au terrain. Il s’agit en effet pour les entraîneurs et les autres membres de l'encadrement de repérer les talents et de bâtir un effectif cohérent en vue de la compétition, ce qui demande un travail d’organisation spécifique riche en enseignements.

Le département Haute performance de la FIFA a profité de l’occasion pour inviter l'encadrement des trois délégations à un séminaire abordant les enseignements clés de la récente Coupe du Monde U-17, les meilleures pratiques et la formation des entraîneurs.

« Nous avons abordé des thèmes comme le pressing à la perte de balle, un point sur lequel les équipes africaines doivent encore beaucoup s'améliorer », a ajouté Abdul Faisal Chibsah, spécialiste haute performance de la FIFA. « Sur la scène internationale, le jeu se fait de plus en plus compact, alors que les effectifs africains jouent plus ouvert, laissant à leurs adversaires des espaces à exploiter. Les meilleures équipes de la planète se renforcent sur des aspects comme les situations de un contre un, la création de décalages et la déstabilisation du bloc adverse. »

Les séminaires de ce type amplifieront non seulement l’effet positif des compétitions de jeunes, mais s’attaqueront aussi à un autre enjeu essentiel : le manque d'entraîneurs de qualité pour les jeunes joueurs du continent. Pour le spécialiste haute performance de la FIFA, « les compétences techniques sont là, l’Afrique regorge de talents à l’état brut, mais il y a un manque de vision footballistique et de prise de décision ».

Les compétitions de jeunes peuvent enclencher une dynamique positive, en premier lieu auprès des joueurs et membres de l'encadrement participant à la compétition, qui influenceront ensuite leurs clubs et collègues, avec à terme des répercussions plus vastes sur la communauté du football. « Pour en maximiser l’effet, il faudrait envoyer un entraîneur de talents de la FIFA dans ces pays, qui y contribuerait à la création d’un environnement haute performance et à la détection des jeunes pépites », a conclu Abdul Faisal Chibsah.

De telles compétitions internationales incitent par ailleurs les clubs et les associations membres à collaborer en vue du développement de leurs talents, notamment par l’établissement de programmes de développement individuel pour les joueurs, un processus logique dont l'efficacité est tributaire d’une mise en œuvre cohérente.

Ce premier jet couronné de succès a toutes les chances d’inspirer les autres associations membres du continent et de bénéficier ainsi à l’ensemble du football africain.