#Coupe du Monde Féminine de la FIFA

Réactivité des gardiennes depuis leur position d’attente et interventions défensives

FIFA, 24 janv. 2024

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Les gardiens et les gardiennes de but modernes endossent plus de responsabilités que jamais sur le terrain, surtout lorsque leur équipe est en possession du ballon. Toutefois, leur fonction la plus importante reste la même : empêcher l’adversaire de marquer des buts.

Pendant la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Australie & Nouvelle-Zélande 2023™, la part d’équipes ayant réussi au moins une fois à ne pas encaisser de but sur un match a augmenté de 11 points de pourcentage par rapport à l’édition précédente. Par ailleurs, le taux de matches au cours desquels au moins une des deux équipes est parvenue à garder sa cage inviolée est passé de 60% en 2019 à 70% en 2023.  

« Les équipes sont mieux organisées et structurées en phase défensive, ce qui explique l’augmentation du nombre de matches au cours desquels au moins une des deux équipes arrive à garder sa cage inviolée. Mais il ne faut pas non plus oublier le rôle joué par l’amélioration des capacités physiques des gardiennes », estime Nadine Angerer. « Elles sont plus athlétiques, plus explosives et maîtrisent mieux leur positionnement sur le terrain. Lors de cette compétition, nous avons également constaté de meilleures interventions en cas de tir. Cela s’explique par les qualités physiques des gardiennes et la rapidité de leur prise de décision, mais aussi par le fait qu’elles ont adopté plus tôt et plus souvent la position d’attente. »

La position d’attente

La position d’attente est d’une importance cruciale à ce poste. Elle montre que les gardiennes se tiennent prêtes à intervenir sur une tentative adverse et leur permet d’ajuster rapidement leur placement en fonction du développement de l’action. La position d’attente se caractérise par le fait d’être sur ses appuis, les deux pieds en contact avec le sol, talons décollés. De plus, l’écartement des pieds correspond à celui des épaules et le haut du corps doit être gainé, avec les deux bras prêts à se déployer. Adopter cette position permet de réagir de façon explosive d’un côté ou de l’autre et donc d’avoir davantage de latitude pour s’interposer le moment venu. Être en position d’attente permet d’utiliser aussi bien les pieds que les mains, et le fait d’être sur ses appuis permet d’ajuster rapidement son placement pour se préparer à nouveau à une frappe si le jeu se déplace. 

Les données récoltées par notre équipe Analyse des performances et tendances du football indiquent que le fait d’être en position d’attente avant une frappe augmente de plus de 20 % les chances de réussir un arrêt. Pendant la compétition, les gardiennes étaient en position d’attente sur 87% des frappes adverses, contre 73% en 2019.

Pascal Zuberbühler explique l’importance de la position d’attente. 

« La position d’attente présente un avantage énorme, car le fait d’être sur ses appuis permet d’intervenir de façon explosive quel que soit le côté où ira le ballon. Il est aussi important de bien lire la situation, de se mettre en position au bon moment, puis de s’interposer en utilisant la bonne technique. »

Tirs depuis l’extérieur de la surface de réparation

En 2023, 98% des tirs tentés depuis l’extérieur de la surface de réparation ont été arrêtés. Pendant la compétition, les gardiennes ont fait face en moyenne à 1,4 tir depuis l’extérieur de la surface (pour 30 minutes de possession adverse), soit autant qu’en 2019, mais le nombre d’arrêts dans ces situations a augmenté de 8,9%. Le taux d’arrêts sur les tirs depuis l’intérieur de la surface de réparation, lui, est de 65%, comme en 2019.  

La taille de la gardienne n’est pas un facteur qui entre en compte dans son positionnement en cas de tirs de loin. La tendance est la même chez les hommes et chez les femmes : les gardiennes se rapprochent de la ligne de but (moins d’un mètre) pour fermer l’angle de tir de la joueuse en possession du ballon.  

« Le placement de la gardienne est donc important et on a pu constater de réelles améliorations dans ce domaine pendant la Coupe du Monde 2023. Les gardiennes ont bien mieux identifié les dangers quand ils se sont présentés et ont amélioré leur positionnement pour faire y face. Le fait d’être en position d’attente plus tôt et d’avoir une meilleure condition physique a aussi contribué à ce taux d’arrêts élevé sur les tirs depuis l’extérieur de la surface de réparation (98%) », conclut Nadine Angerer.

Exemples

Notre Groupe d’étude technique a sélectionné les cinq vidéos ci-dessous afin d’illustrer la capacité des gardiennes à se mettre en position d’attente avant d’effectuer des arrêts difficiles. 

Dans la vidéo n°1, la gardienne de l’Australie Mackenzie Arnold (n°18) effectue un arrêt sur un tir tenté depuis les abords de la surface de réparation. Elle est placée près de sa ligne de but et se met en position d’attente avant d’effectuer un plongeon pour dévier le tir de la main gauche. Partie pour effectuer un arrêt de la main droite, elle parvient finalement à lancer sa main gauche, ferme, pour dévier le ballon. Cela s’explique grâce à sa réactivité depuis sa position d’attente, sa bonne impulsion et sa capacité à rester gainée, le corps parfaitement aligné, sur son intervention.

Dans la vidéo n°2, la gardienne de l’Angleterre Mary Earps (n°1) réussit un impressionnant arrêt du pied alors que l’attaquante a battu les défenseures. Elle part d’une position haute sur le terrain mais choisit de redescendre pour défendre son but quand le ballon est joué dans le dos de sa défense, car elle a vu que sa centrale (Jess Carter, n°16) est allée au contact de la porteuse. Lorsque le ballon revient à l’intérieur, dans les pieds de Roseline Éloissaint (n°11), dont le contrôle orienté élimine la défenseure la plus proche (Millie Bright, n°6), Earps se retrouve en face-à-face avec l’attaquante, mais elle est déjà en position d’attente près de son poteau. Consciente que ses défenseures ne sont plus en mesure d’intervenir, Earps avance légèrement pour réduire l’angle de tir et se remet en position d’attente. Comme l’attaquante ne tire pas immédiatement, Earps en profite pour avancer encore d’un pas pour couvrir l’espace et se remet en position d’attente avant d’effectuer un arrêt du pied gauche. Si elle était restée dans sa position d’origine, elle n’aurait pas pu réussir cet arrêt.  

Sur la vidéo n°3, face à l’Italie, la gardienne de l’Afrique du Sud Kaylin Swart (n°1) réussit un arrêt impressionnant au premier poteau en un contre un. Au départ de l’action, elle occupe une position haute pour rester au contact de sa ligne défensive avancée. Elle revient vers sa ligne alors que l’Italie pénètre dans les trente derniers mètres. Dès que la passe dans la profondeur est effectuée, Swart sait que ses défenseures sont battues. Elle quitte alors sa position d’attente pour aller au-devant de l’attaquante italienne Valentina Giacinti (n°9) et réduire l’angle de tir. Swart effectue une intervention cruciale à bout portant et se relève immédiatement alors que son équipe récupère la possession.

Dans la vidéo n°4, la gardienne de la Suède Zećira Mušović (n°1) réussit un superbe arrêt réflexe devant la capitaine des États-Unis Lindsey Horan (n°10). À mesure que l’action se développe de gauche à droite, on voit Mušović alterner entre position d’attente et travail d’appui pour ajuster son placement en fonction de l’endroit où se situe le ballon. En mettant sur pause au bout de 16 secondes, on la voit en position d’attente au moment du tir de Horan, ce qui lui permet de pousser sur ses appuis de façon explosive pour réussir le plongeon salvateur.

Dans la vidéo n°5, la gardienne du Japon Ayaka Yamashita (n°1) réussit elle aussi un magnifique arrêt réflexe sur une tête à sept mètres de la ligne. Alors que l’ailière de la Norvège Caroline Graham Hansen (n°10) réussit son débordement face à la défenseure, Yamashita se met immédiatement en position d’attente près du premier poteau. Pendant que le centre traverse la surface pour parvenir au deuxième poteau, puis sur la remise dans l’axe, Yamashita est constamment en train de prendre l’information et de réajuster son placement. Elle termine en position d’attente au milieu de son but et effectue un arrêt réflexe qui lui permet de dévier la tête de Karina Sævik (n°9) adressée sous la barre transversale. 

Vidéo 1 : La gardienne de l’Australie Mackenzie Arnold (n°18) est en position d’attente ce qui lui permet de réussir un arrêt explosif sur un tir depuis l’extérieur de la surface
Vidéo 2 : La gardienne de l’Angleterre Mary Earps (n°1) se met en position d’attente puis avance avant de se remettre en position pour un superbe arrêt du pied
Vidéo 3 : La gardienne de l’Afrique du Sud Kaylin Swart (n°1) réussit une parade à bout portant après avoir quitté sa position d’attente au premier poteau pour aller au-devant de la porteuse du ballon
Vidéo 4 : La gardienne de la Suède Zećira Mušović (n°1) s’interpose sur un tir depuis l’intérieur de la surface
Vidéo 5 : La détente verticale et explosive de la gardienne du Japon Ayaka Yamashita (n°1) lui permet de dévier une tête à bout portant

Résumé

L’augmentation du nombre de matches où au moins l’une des deux équipes est parvenue à garder sa cage inviolée lors de la Coupe du Monde de la FIFA 2023 repose sur un certain nombre de facteurs, parmi lesquels :

  • la capacité à défendre de façon collective et organisée ;

  • une amélioration de la condition physique et des qualités techniques des gardiennes ;

  • la capacité des gardiennes à se mettre en position d’attente plus souvent et plus tôt ; et

  • une meilleure aptitude à se placer et se replacer en fonction du développement de l’action. 

Dans le football actuel, les gardiens et les gardiennes endossent un grand nombre de responsabilités. Toutefois, leur rôle premier reste d’empêcher l’adversaire de marquer des buts. En l’occurrence, le nombre d’arrêts ainsi que d’interventions de haut niveau réussis par les gardiennes au cours de la compétition reflète l’amélioration du niveau général des gardiennes. Les équipes font de plus en plus appel à des entraîneurs de gardiennes et investissent beaucoup plus dans le développement des joueuses à ce poste. Cela s’est traduit sur le terrain, avec des progrès évidents lors de cette Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023 par rapport aux éditions précédentes.  

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