#Coupe du Monde Féminine de la FIFA

L’importance du pressing direct et des pertes de balle forcées

FIFA, 24 janv. 2024

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L’analyse des données sans ballon de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023™ montre que le type de pressing direct exercé par les équipes a eu une incidence importante sur l’issue des rencontres.

Lors d’un match de 90 minutes, le ballon est en jeu pendant 60 minutes environ. Ainsi, afin de proposer une image plus fidèle du comportement des équipes quand elles n’ont pas la possession, nous avons décidé d’utiliser des données normalisées « pour 30 minutes sans ballon ». Les statistiques des Coupes du Monde Féminines de la FIFA 2019 et 2023 ont été générées en utilisant la même méthode de calcul, ce qui nous permet d’identifier les principaux changements apparus entre ces deux éditions. En l’occurrence, le présent article se concentre sur les tendances en matière de pressing (direct et indirect) en Australie et en Nouvelle-Zélande comparé à celles observées en France quatre ans plus tôt. 

Type de pressing

Le nombre de pressings exercés en 2023 pour 30 minutes sans ballon a baissé de 15% en 2023 par rapport à 2019 (335 pressings contre 285). Cela s'explique en partie par une chute de 21% du nombre de pressings indirects, légèrement compensée par une hausse de 6% des pressings directs. However, the application of direct pressure increased by 6% per 30 minutes out of possession in 2023. Il est intéressant de constater que les équipes ayant davantage recouru aux pressings directs par rapport à leur adversaire se sont imposées dans 68% des cas, ce qui indique un lien étroit entre pressing direct et chances de victoires.

Membre du Groupe d’étude technique de la FIFA pour la compétition, Chan Yuen Ting a expliqué les raisons de cette évolution. 

« Les équipes étaient extrêmement bien organisées et ne pressaient pas au hasard. Au football, on ne défend pas chacun de son côté : cela demande de la coordination. Les équipes ont défendu collectivement pendant cette Coupe du Monde. On les a souvent vu évoluer en bloc et attendre des signaux précis avant d’enclencher le pressing. Les joueuses ne se jetaient pas. Elles attendaient le bon moment pour aller presser, ce qui se traduisait logiquement par du pressing direct la plupart du temps. Les équipes avaient mis en place des stratégies précises. Elles n’improvisaient pas. Il y avait une approche bien plus tactique que par le passé. C’est en partie pour ça qu’il y a eu moins de pressings indirects et un peu plus de pressings directs. »

La meilleure gestion des matches explique également cette tendance. En effet, les équipes savaient à quel moment elles devaient presser, et pourquoi. Elles le faisaient de façon réfléchie, en tenant compte du score et du temps qu’il restait à jouer. Elles choisissaient la stratégie la plus adaptée en fonction de tous ces éléments. Elles savaient aussi quand il était important de garder des forces pour la suite de la rencontre et comment y parvenir, ce qui a également joué sur leurs choix en termes de pressing.

Comme nous le voyons dans les vidéos ci-dessous, les équipes savaient généralement quel type de pressing exercer, dans quelle zone et dans quel but. Il y avait une véritable dimension tactique durant cette Coupe du Monde, une capacité à agir de façon réfléchie et coordonnée. 

Vidéo 1 : Ici, l’Allemagne multiplie les pressings directs face au Maroc, ce qui lui permet de récupérer le ballon et de contre-attaquer
Vidéo 2 : La France parvient à récupérer la possession et à contre-attaquer grâce à son pressing direct
Vidéo 3 : Les Anglaises exercent un pressing direct dès que le ballon arrive dans le deuxième tiers du terrain, ce qui lui permet de récupérer le ballon
Vidéo 4 : Les Italiennes vont au pressing direct dès la perte du ballon et multiplient les prises à trois sur la porteuse
Vidéo 5 : Les Suédoises se relaient pour exercer un pressing direct permanent sur les Australiennes, ce qui leur permet de récupérer la possession et de se créer une occasion

Pressings directs par équipe et récupération

En opérant un découpage par équipes, il apparaît que les trois médaillées, à savoir l’Espagne, l’Angleterre et la Suède, figurent toutes dans le top 10 des pressing directs exercés pour 30 minutes sans ballon. En revanche, l’Australie, demi-finaliste de la compétition, fait partie des formations les moins bien classées. Cela indique que la volonté de laisser ou non l’adversaire prendre le jeu à son compte joue un rôle déterminant, de même que les phases durant lesquelles les différentes équipes choisissent d’appliquer un pressing direct.  

Il convient également de souligner que les équipes ayant provoqué davantage de pertes de balle se sont généralement imposées (76% de victoires) et qu’elles comptaient en moyenne 20 récupérations forcées de plus que leur adversaire. Championne du monde, l’Espagne trône d’ailleurs en tête du classement des pertes de balles forcées dans le dernier tiers, ce qui indique que les Ibères évoluaient souvent proches du but adverse lorsqu’elles récupéraient la possession. 

En raison du pressing collectif exercé par les équipes à la récupération, il n’est pas rare que la porteuse de balle se retrouve isolée. Comme nous le voyons dans les extraits ci-dessous, une fois que l’équipe décide d’enclencher le pressing, cela se traduit régulièrement par une succession de pressings directs couplée à une volonté de fermer les lignes de passe. Dans la vidéo 6, nous voyons par exemple que les Espagnoles parviennent à isoler l’Anglaise Lucy Bronze, à récupérer la possession et à marquer dans la foulée. 

Il arrive également que la récupération découle d’une passe mal négociée en raison du pressing exercé sur la porteuse, comme c’est le cas dans la vidéo 8.    

Vidéo 6 : L’Espagne provoque une perte de balle et parvient à marquer dans la foulée
Vidéo 7 : L’Allemagne exerce un pressing direct dans le dernier tiers marocain, ce qui lui permet de forcer l’erreur adverse et de récupérer la possession
Vidéo 8 : Les Pays-Bas exercent un pressing direct qui engendre une mauvaise passe sud-africaine, interceptée par la défense néerlandaise
Vidéo 9 : L’Espagne récupère la possession grâce à son contre-pressing agressif dans le dernier tiers adverse

Pressing haut et contre-pressing

Il ressort par ailleurs une corrélation intéressante dans cette compétition entre le temps passé en pressing haut et en contre-pressing, et les chances de victoires. En effet, les équipes ayant passé une part plus importante de leur temps sans ballon en pressing haut comparé à leur adversaire se sont imposées dans 76% des cas. De la même façon, on constate un taux de succès de 64% pour les formations ayant passé plus de temps en contre-pressing.  

Lors d'Australie & Nouvelle-Zélande 2023, le temps moyen passé en pressing haut était de 54 secondes, et de 252 secondes en contre-pressing. Les équipes victorieuses passaient en moyenne 20 secondes de plus en pressing haut et 49 secondes de plus en contre-pressing que leur adversaire, pour 30 minutes sans ballon. 

En revanche, il n’existe pas de lien direct entre temps moyen passé en pressing haut/contre-pressing et capacité à passer la phase de groupes. Quart de finaliste, le Japon fait par exemple partie des équipes affichant le plus faible taux de temps passé en contre-pressing ou en pressing haut. On remarque également que, de toutes les équipes qualifiées pour la phase à élimination directe, l’Espagne est celle présentant la part de temps passé en pressing haut/contre-pressing la plus élevée.  

Quand l’équipe qui attaque perd le ballon, sa capacité à exercer un contre-pressing efficace, en particulier dans le dernier tiers, dépend de la distance séparant le ballon de la joueuse la plus proche au moment de la perte de balle, mais également de la distance avec les partenaires susceptibles de participer au pressing. 

D’après Chan, les équipes savaient dans quels moments il était pertinent d’appliquer un pressing haut ou un contre-pressing, et cela a beaucoup joué dans le taux de réussite.

« Dans ce domaine aussi on a constaté des choix plus stratégiques : les équipes n’effectuaient pas de pressing haut ou de contre-pressing n’importe où, ni à n’importe quel moment. En revanche, quand elles enclenchaient le pressing, celui-ci était généralement agressif, organisé et coordonné, en particulier quand les joueuses étaient nombreuses à être proches à la fois du ballon et de l’endroit où avait lieu la transition. Elles savaient si le moment était propice pour presser ou contre-presser, ou s’il valait mieux reformer le bloc. »

Vidéo 11 : L’Angleterre parvient à marquer contre la RP Chine grâce à son contre-pressing agressif au milieu de terrain
Vidéo 12 : La France perd le ballon face au Panamá, lance le contre-pressing et réussit à marquer dans la foulée
Vidéo 13 : L’Espagne se crée une occasion grâce à un contre-pressing efficace dans le dernier tiers néerlandais
Vidéo 14 : Les Pays-Bas réussissent leur pressing haut sur la tentative de ressortie de balle portugaise
Vidéo 15 : Le pressing haut ininterrompu des Suédoises sur la tentative de construction italienne leur permet de récupérer le ballon

RÉSUMÉ

La baisse de 15% du pressing exercé durant la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023 s’explique en grande partie par la chute du nombre de pressing indirects (-21%), que ne permet pas de compenser la légère hausse en matière de pressing direct (+6%). Il ressort également de cette compétition une corrélation évidente entre pressing direct et pertes de balles forcées. 

Si les trois équipes médaillées figurent dans le top 10 du classement pour ce qui est du pressing direct, il convient toutefois de souligner que les différentes sélections n’ont pas adopté les mêmes stratégies en ce qui concerne le type de pressing exercé et les zones de pressing. Les données montrent en outre que les équipes ayant passé une part plus élevée de leur temps sans ballon en pressing haut ou en contre-pressing se sont plus souvent imposées. En revanche, il n’existe pas de lien direct entre temps passé en pressing haut/contre-pressing et qualification pour la phase à élimination directe.  

Il convient de noter que les championnes du monde espagnoles figurent au troisième rang du temps sans ballon passé en pressing haut ou en contre-pressing, mais également en tête du classement des équipes ayant provoqué le plus de pertes de balles dans le dernier tiers. 

De manière générale, les équipes étaient mieux organisées défensivement et avaient défini des signaux spécifiques pour savoir à quel moment déclencher le pressing. Les joueuses ont été très efficaces dans la lecture du jeu et ont défendu collectivement.  

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