Thème°3 : Utiliser des structures défensives pour contre-attaquer et marquer

Les données montrent que, durant la compétition, les équipes ont passé 18% de leur temps sans le ballon en bloc bas, soit une augmentation de 3,5% par rapport à 2019. Du fait de ce recours plus fréquent aux blocs bas en phase défensive, les équipes en possession ont consacré plus de temps à construire sans véritable opposition (+2,6%) et, donc, moins de temps à construire avec opposition (-3,1%). Cela signifie qu'en phase défensive, les équipes ont moins souvent opté pour un pressing haut ou un contre-pressing en Indonésie que lors des éditions précédentes de la compétition. 

Il en résulte également que les transitions offensives se font plus loin du but adverse, si bien que les membres du Groupe d’étude technique ont été impressionnés par la longueur des courses effectuées par les joueurs pour se rendre dans les 30 derniers mètres adverses lors des contres. As Julio González points out: 

« Cet élément était très présent durant la compétition et de nombreuses équipes, dont les quatre demi-finalistes, se sont montrées particulièrement efficaces en contre-attaque à partir d’un bloc défensif », souligne Julio González « Attaquer dès la récupération du ballon permet souvent de faire la différence en match. En effet, les défenses adverses sont généralement désorganisées au moment de la transition, plusieurs joueurs étant montés pour participer à l'action offensive. »

Pascal Zuberbühler, lui aussi membre du Groupe d’étude technique, insiste sur l’importance des contre-attaques dans cette compétition et sur les effort physiques nécessaires pour les exécuter.

« Pendant cette compétition, les équipes ont souvent opéré avec des blocs agressifs. Elles ont rapidement lancé des contre-attaques dès la récupération du ballon, ce qui leur a permis de se créer de véritables occasions. Nous avons également remarqué que de nombreux joueurs participaient aux contres et n'hésitaient pas à faire de longues courses vers l’avant pour contribuer à apporter le danger dans le camp adverse. Ainsi, l'équipe qui attaquait se retrouvait souvent à égalité numérique ou en supériorité numérique lorsqu'elle arrivait dans le dernier tiers. »

Les vidéos ci-dessous illustrent parfaitement la façon dont différentes équipes ont su utiliser leur bloc défensif pour se procurer des occasions après avoir récupéré la possession. Le premier exemple est tiré du huitième de finale entre l'Ouzbékistan et l’Angleterre. Malgré l'intervention de Tommy Setford, le gardien anglais, sur le tir de Lazizbek Mirzaev (n°7), Amirbek Saidov (n°9) parvient à ouvrir le score de la tête. Disposés en 4-4-2 et en bloc médian pour tenter de récupérer le ballon dans leur propre moitié de terrain, les Ouzbeks déclenchent le contre avec leurs deux attaquants centraux et deux milieux de terrain excentrés, tandis que les six autres joueurs de champ assurent la couverture défensive. Les quatre éléments partis en contre se tenaient prêts à se projeter rapidement vers l'avant avant même la récupération du ballon afin d'exploiter l’espace dans le dos des défenseurs centraux anglais.

La deuxième vidéo montre l'ouverture du score française face aux États-Unis en phase de groupe. Dans cet exemple, les Bleuets défendent en bloc médian et en 4-1-4-1 sans exercer de pressing particulièrement intense. Ils récupèrent le ballon à la suite d'une tentative de passe adverse entre les lignes et lancent le contre avec leurs cinq joueurs les plus avancés face une défense américaine désorganisée. Au moment où Joan Tincres (n°19) marque sur le centre de Mohamed-Amine Bouchenna (n°18), la France compte déjà cinq joueurs dans la surface de réparation adverse tandis que cinq partenaires assurent la couverture défensive.

Dans la troisième et dernière vidéo, nous voyons une contre-attaque décisive lancée par l'Allemagne lors de son quart de finale contre l'Espagne. Sur une tentative de passe du défenseur central espagnol Jon Martín (n°4), les Allemands interceptent le ballon et passent à l'attaque. Après 4,7 secondes seulement, Paris Brunner (n°7) est lancé dans le dos de la défense espagnole, encore désorganisée, et il obtient un pénalty 13 secondes après la récupération du ballon allemande. Brunner se présente lui-même aux 11 mètres pour le convertir, inscrivant au passage le seul but de la rencontre.

L'utilisation plus fréquente de blocs défensifs médians et bas en phase de non-possession implique que l'équipe qui défend se trouve généralement dans sa moitié de terrain lorsqu'elle récupère le ballon. Dès lors, l'adversaire tend à s'ouvrir davantage en phase de construction, avec des joueurs évoluant très haut, au-delà de la ligne médiane. Lorsque l'équipe qui défend parvient à récupérer le ballon dans ce type de situation, elle peut immédiatement profiter du déséquilibre dans la défense adverse pour contre-attaquer.Les joueurs offensifs se tenaient donc prêts à effectuer des courses rapides vers l'avant, parfois sur de longues distances, dès la récupération du ballon pour exploiter les espaces libres. Ces transitions rapides permettaient de générer des situations d'égalité numérique face aux défenseurs adverses, ou encore de les isoler dans des situations de 1 contre 1. Les contre-attaques rapides à partir de blocs défensifs ont également permis à l’équipe en transition offensive de garder un équilibre en défense afin d'intervenir en cas de perte du ballon.

D’un point de vue tactique, cette compétition a parfaitement illustré la manière dont les équipes de jeunes contribuent au développement tactique du football dans son ensemble. En effet, elles adoptent des stratégies innovantes telles que le bloc bas et le contre-pressing, en les adaptant à leur style de jeu. Et les résultats sont là !