Cela peut paraître incroyable, mais sur les 753 corners accordés lors de la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA, É.A.U. Dubaï 2024™, seuls huit buts ont été marqués.
Les trois systèmes de marquage
Pendant la compétition, les équipes ont opté pour du marquage individuel, de la défense en zone et de la défense mixte, qui combine marquage individuel et défense en zone. D’après l’analyse menée par notre Groupe d’étude technique concernant les systèmes utilisés sur corner défensif, aucune organisation ne semble supérieure aux autres. La différence s’est plutôt faite sur les performances individuelles au sein de ces systèmes, en défense comme en attaque.
Le graphique ci-dessous montre que seules quatre équipes (Colombie, Égypte, IR Iran et Tahiti) se situent en-deçà de la moyenne de la compétition – représentée par la ligne en pointillés – en termes du nombre de marquages individuels utilisés sur les corners défensifs. De leur côté, les États-Unis sont l’équipe qui a eu le plus souvent recours à ce système tandis que la Colombie est celle ayant le plus souvent adopté une approche mixte (sur 78% de ses corners défensifs). La défense en zone est le système qui a été le moins utilisé, même s’il a été davantage utilisé par le Japon (29% du temps) que par n’importe quelle autre équipe.
Seuls Oman et les Émirats arabes unis ont concédé plus d’un but sur corner, la Colombie, l’Égypte, l’Espagne et Tahiti étant les seules autres équipes à avoir concédé un but sur cette phase de jeu, qui comprend tout ce qui se passe entre le moment où le corner est tiré et le moment où l’action prend fin (ballon sorti du terrain, choix de l’équipe qui attaque de repasser par derrière pour construire le jeu ou récupération du ballon par l’équipe qui défend).
Transition offensive à partir d’un corner défensif – l’Espagne
Le Groupe d’étude technique a relevé une tactique défensive intéressante sur corner mise en œuvre par l’Espagne. Sur ses corners défensifs, l’équipe du Groupe B a délibérément choisi de déployer des joueurs plus haut sur le terrain afin de faciliter sa transition offensive en cas de récupération du ballon.
« Nous n’avons pas souvent vu ce genre d’approche en beach soccer jusqu’ici, et cela oblige l’équipe qui tire le corner à se poser de vraies questions », précise Matteo Marrucci. « Faut-il attaquer à quatre ou laisser un joueur en retrait ? En tant qu’entraîneur, j’ai trouvé cette approche très intéressante et les instructions venaient clairement de la surface technique espagnole, donc c’est quelque chose qui a fait l’objet d’une préparation spécifique en amont de la compétition. »
Dans la première vidéo ci-dessous, extraite du match opposant l’Espagne à Tahiti, on voit clairement le positionnement de David Ardil (n°5) au niveau de la ligne médiane, qui laisse son équipe défendre à 3 contre 3. Lorsque le gardien espagnol récupère le ballon, il relance immédiatement vers Ardil, libre de tout marquage, ce qui lui donne à la fois le temps et l’espace nécessaires pour tenter un retourné acrobatique.
Les captures d’écran ci-dessous sont tirées du match de groupe entre l’Espagne et l’Argentine. Cette fois-ci, l’Espagne décide de défendre à deux sur le corner et de placer les deux joueurs restants plus haut sur le terrain. Comme l’explique Matteo Marrucci : « C’était très intéressant de voir le sélectionneur Christian Mendez donner des instructions à ses joueurs en fonction du placement de l’Argentine. Au départ, alors que Chiky (n°11) reste haut et va se placer du côté où sera tiré le corner, l’Argentine fait reculer un de ses joueurs pour intervenir en cas de contre-attaque. Mendez demande alors à Cabrera (n°7, qui n’a plus personne à marquer puisque son joueur est redescendu) de monter également. Cela donne à l’Espagne une situation de 2 contre 1 en attaque en cas de récupération rapide du ballon. C’était une tactique intéressante. »
Résumé
Aucun système défensif sur corner ne s’est imposé comme étant « le meilleur » lors de la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA 2024, mais les équipes ont malgré tout affiché une nette préférence pour le marquage individuel et la défense mixte, délaissant largement la défense en zone. Les huit petits buts marqués sur corner sur l’ensemble de la compétition témoignent de l'excellente capacité des équipes à neutraliser les menaces sur cette phase de jeu grâce à leur organisation défensive, quel que soit le système privilégié.
L’Espagne a adopté sur cette phase de jeu une tactique innovante consistant à laisser un ou deux joueurs en milieu de terrain pour les utiliser en cas de transition offensive.