Seuls 8 buts ont été marqués sur corner à Dubaï alors que cette phase de jeu a débouché sur un total de 208 tentatives.
Tahiti et le Brésil sont les équipes qui ont le plus tenté leur chance sur corner (26 et 25 tentatives respectivement), mais seul le Portugal a réussi à marquer plus d’un but sur toute la durée de la compétition. Le Belarus, demi-finaliste, n’a totalisé que cinq tentatives dans l’exercice, mais il fait malgré tout partie des sept équipes ayant réussi à trouver la faille dans cette situation.
Marquage individuel et crainte de la contre-attaque
Pour Dejan Stankovic, le faible nombre de buts inscrits sur corner peut s’expliquer à la fois par l’efficacité défensive de l’adversaire et par la crainte de prendre un but en contre-attaque. « Je crois que les difficultés rencontrées pour marquer sur les corners offensifs sont liées à la qualité du marquage individuel. Les attaquants sont serrés de près, ce qui les empêche de se créer des espaces ou même de se démarquer.
« De plus, certaines équipes choisissent de jouer vers leur gardien pour construire le jeu de derrière plutôt que d’envoyer le ballon devant le but adverse et de risquer de subir une contre-attaque. Il ne s’agit pas d’une évolution positive. Les équipes vont devoir trouver de nouvelles solutions pour exploiter les corners offensifs et se créer des occasions. »
Attaquer le premier poteau
Malgré le faible nombre de buts inscrits sur corner, notre Groupe d’étude technique a remarqué quelques combinaisons intéressantes utilisées par certaines équipes en ciblant la zone du premier poteau. Matteo Marrucci décrit quelques-unes des approches adoptées pendant la compétition sur cette phase de jeu, ainsi que les configurations défensives choisies pour y faire face.
Courses au premier poteau et faux appels pour échapper au marquage
Sur cette première vidéo, les trois attaquants du Portugal subissent un marquage individuel de la part d’Oman, qui choisit de placer le défenseur restant au premier poteau. Le joueur le plus proche du premier poteau, Miguel Pintado (n°9), réalise un faux appel visant à libérer la zone en attirant son vis-à-vis. La course de Pintado crée un espace pour Leo Martins (n°11), qui attaque le premier poteau et va marquer le but décisif.
Sur la deuxième vidéo, l’Espagne assure un marquage individuel sur les trois joueurs offensifs de Tahiti et place son dernier défenseur en embuscade dans l’éventualité d’une contre-attaque. Tahiti utilise la permutation entre Tamatoa Tetauira (n°3) et Teaonui Tehau (n°11) pour attaquer le premier poteau, ce qui aboutit à une tentative de la tête.
Course au premier poteau pour contrer une défense en zone
Sur cette vidéo, la Colombie adopte une configuration où trois joueurs défendent en zone et le quatrième assure un marquage individuel. Le Sénégal choisit de mettre un deuxième joueur, Papa Ndoye (n°3), au niveau du défenseur au marquage. Initialement placé derrière son coéquipier, Ndoye n’est pas marqué et sa course au premier poteau entre deux défenseurs en zone lui permet d’aller marquer du pied droit.
Attaque au premier poteau utilisant des écrans et des faux appels
Dans la quatrième vidéo, le Belarus recourt à une permutation et des écrans pour contrer le marquage mixte adopté par le Japon. Aleh Hapon (n°5) empêche le joueur au marquage d'Anatoliy Ryabko (n°10) de le suivre. Mais la course de Ryabko n’est qu’un faux appel visant à attirer l’un des défenseurs en zone du Japon. Hapon profite de la confusion pour passer devant son défenseur et tenter sa chance.
Sur la cinquième vidéo, l’Espagne se sert également d’écrans et de faux appels pour générer une occasion au premier poteau. Tahiti assure un marquage individuel sur les trois joueurs offensifs de l’Espagne et positionne son défenseur restant au premier poteau. Les deux joueurs espagnols les plus proches du but s’éloignent de la surface de réparation. En parallèle, Chiky (n°11), placé au deuxième poteau, fait écran sur le défenseur au marquage de l’attaquant le plus éloigné du but, David Ardil (n°5), qui réalise une course vers le premier poteau. Au moment où le corner est tiré, Chiky se démarque au deuxième poteau, ce qui signifie que l’Espagne dispose de joueurs libres d’attaquer le ballon aux deux poteaux.
Corner joué rapidement au premier poteau
Face à Oman, le Portugal lance sa combinaison sur corner avant que les deux équipes soient en place. Après un pressing individuel haut exercé par Martins, le Portugal obtient un corner et le joue rapidement. Alors que Jordan (n°5) effectue une course vers le deuxième poteau, il change brusquement de direction pour aller au premier poteau et parvient ainsi à se démarquer. Il marque sur une reprise acrobatique.
Le petit train
Sur cette vidéo, le Brésil positionne ses trois attaquants en file indienne dans l'alignement du deuxième poteau à une certaine distance du but. Le Mexique prend ces trois joueurs au marquage individuel et place son dernier défenseur dans l’espace devant le premier poteau. Le Brésilien Alisson (n°3), qui est le joueur du train le plus proche du but, attaque le premier poteau et se procure une occasion.
Résumé
Seuls huit buts ont été inscrits sur corners offensifs pendant cette Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA 2024, ce qui montre à quel point il est devenu difficile de marquer sur ces phases de jeu au plus haut niveau. Dans ce contexte, il n’est pas possible de mettre en évidence une tendance majeure sur les corners offensifs. Il n’en reste pas moins que diverses combinaisons créatives ont été utilisées par certaines équipes pour tenter de marquer au premier poteau.
Ces actions se sont principalement appuyées sur des permutations, des faux appels et des écrans. Nous en avons choisi quelques exemples face à différents systèmes défensifs (marquage individuel, défense en zone et défense mixte) pour illustrer les tactiques mises en œuvre et donner des idées aux équipes désireuses de creuser la question.