Les membres du Groupe d’étude technique de la FIFA assisteront à tous les matches de la compétition, qui auront lieu à Tachkent, Boukhara et Andijan. Secondés par l'équipe Analyse des performances de la FIFA, ils s’emploieront à mettre en lumière toutes les nouvelles tendances techniques et tactiques. Le Groupe d’étude technique pour la Coupe du Monde de Futsal 2024 est constitué de quatre membres :
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Pascal Zuberbühler, expert footballistique senior de la FIFA et responsable du Groupe d’étude technique pour la compétition
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Carlos Quiros, ancien sélectionneur du Costa Rica et expert des technologies de l’information
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Graeme Dell, formateur d’entraîneurs de futsal de la FIFA et consultant en matière de développement
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Ali Targholizadeh, chef du département technique de la Fédération Iranienne de Football
Dans cet article, le Groupe d’étude technique répond à plusieurs questions sur la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Ouzbékistan 2024™ et revient sur les enseignements tirés de l’édition 2021, pour mieux mettre en évidence l’évolution de la discipline depuis trois ans.
Évolution du jeu depuis la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Lituanie 2021™
Lors de Lituanie 2021, la FIFA avait lancé son propre système de collecte de données pour le futsal, qui sera utilisé tout au long de l’édition 2024 en Ouzbékistan. Quel est l’intérêt de ce dispositif ?
Graeme Dell : Nous l’avons mis en place en 2021 dans le cadre d’une nouvelle méthode d’analyse de la compétition. Jusqu’alors, le Groupe d’étude technique s’était appuyé uniquement sur l’interprétation du jeu par les experts techniques. Or, nous nous sommes rendu compte que certaines de ces interprétations ne cadraient pas systématiquement avec les données issues de la compétition. L’accès à ces données est essentiel car elles peuvent nous aider à affiner notre analyse, en confirmant ou en infirmant nos impressions. En tant qu’experts techniques, cela nous permet d’interpréter les données et de faire le lien entre ce que nous voyons pendant les matches et ce que disent les données.
À des fins de cohérence, il est important que nous utilisions en 2024 les mêmes statistiques qu’en 2021. Une de ces statistiques nécessitait de très légères modifications. Nous avons donc effectué les changements nécessaires dans les jeux de données de 2021 afin d’avoir une correspondance parfaite avec ceux de 2024 pour cette donnée particulière. En revanche, nous devons absolument éviter de modifier les jeux de données à chaque fois. Il faut déterminer avec soin les données que nous souhaitons collecter afin de rester cohérents dans leur interprétation.
Dans votre analyse de Lituanie 2021, vous aviez indiqué que cette compétition était celle des gardiens en raison de leur participation accrue dans le jeu. Cette tendance s’est-elle confirmée, et voit-on davantage de gardiens capables de contribuer au jeu offensif de leur équipe ?
Pascal Zuberbühler : Je ne suis pas certain que le rôle des gardiens ait fondamentalement changé. Je pense surtout que les données de Lituanie 2021 ont permis de mieux mettre en évidence leur apport. Si l’on s’attarde sur le nombre de relances, la participation du gardien aux contre-attaques ou son rôle au début des actions, on s’aperçoit qu’il n’a jamais été aussi important car les chiffres sont là pour le prouver. L’importance du gardien en futsal n’est pas nouvelle, mais les données ont aidé les experts à mieux la documenter.
En dehors du futsal, dans le football en général, il n’est pas rare qu’un enfant soit placé au poste de gardien parce qu’on ne le considère pas assez bon pour évoluer dans le champ. Les matches à effectif réduit constituent une étape essentielle dans le développement des jeunes joueurs, et on ne s’en rend pas suffisamment compte. Il faut donc veiller à leur donner une expérience du poste de gardien à ce moment-là. Il faut également faire en sorte que les joueurs de champ comprennent le rôle du gardien et sachent comment interagir avec lui, par exemple en se plaçant de manière à lui faciliter la tâche lorsqu’il doit faire une passe. Il me semble que la réponse est dans la question : en général, le gardien est impliqué au départ de chaque nouvelle action de l’équipe.
Quelle a été l’évolution globale du jeu depuis la dernière édition de la compétition ? Quelles tendances ont pu émerger au cours des deux dernières années ?
Ali Targholizadeh : Le futsal est un sport à très haute intensité. Cela réclame beaucoup de préparation et une excellente condition physique. À mon avis, les équipes seront encore mieux préparées en Ouzbékistan. Je pense aussi que la compétition sera plus relevée et qu’il y aura davantage de buts marqués. Aux débuts du futsal, ce sport se jouait un peu comme le football à 11 : les équipes essayaient de centrer et de marquer de la tête. De nos jours, il y a plus de rythme dans le jeu, plus de pression sur le porteur, et on joue principalement au sol. Les joueurs essaient de battre leurs adversaires en un contre un, de permuter et de créer des espaces. La possibilité de recourir au power play, avec un gardien volant, fait aussi tout le sel de cette discipline.
N’oubliez pas que Lituanie 2021 a eu lieu un an après le Covid-19. Plusieurs confédérations n’avaient pas pu organiser de compétition préliminaire, si bien que certaines équipes se sont qualifiées uniquement en vertu du résultat obtenu à leur dernière compétition en date. C’est un facteur à ne pas négliger.
Cette année, il y a 24 équipes du monde entier. Y a-t-il des particularités stylistiques régionales en futsal ?
Carlos Quiros : À mes yeux, il y a deux écoles en matière de futsal : l’espagnole et la brésilienne. Dans les pays où un sélectionneur espagnol ou brésilien travaille ou a déjà travaillé, on note une grande culture technique et tactique. En Asie, par exemple, il y a eu des sélectionneurs brésiliens, argentins et espagnols, et cela se reflète dans les différents styles de jeu pratiqués. Il existe également d’autres styles : l’Iran, le Maroc, l’Argentine et le Portugal ont su intégrer l’influence espagnole ou brésilienne pour créer leur propre version améliorée. Cela tient beaucoup au fait que les meilleures académies au monde se trouvent en Europe et en Amérique du Sud, même si depuis quelques années, on en voit aussi de très bonnes en Asie.
Plusieurs des questions ci-dessus sont basées sur le rapport publié par le Groupe d’étude technique à l’issue de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Lituanie 2021™. Cliquez ici pour consulter le rapport.
Cap sur la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Ouzbékistan 2024™
A -t-on une chance d’avoir un vainqueur inédit cette année ? Seuls l’Espagne et le Brésil ont déjà réussi à conserver leur titre. Quelles qualités faut-il pour y parvenir ?
Zuberbühler : Lors des trois dernières éditions, on a pu constater que l’écart s’amenuisait entre les trois ou quatre meilleures nations et le reste de la meute. À certains égards, on pourrait avancer que ce groupe de tête a stagné, tandis que les autres équipes ont en partie comblé leur retard. Quoi qu’il en soit, je pense que c’est le futsal en général qui a évolué au cours des trois dernières éditions de la compétition.
Quelles qualités faut-il pour conserver son titre ? Eh bien, c’est beaucoup de travail, car vous pouvez être sûrs que vos adversaires auront progressé. Vous devez donc vous-même être beaucoup plus forts. Ce qui peut faire la différence, c’est aussi la capacité à surprendre les autres équipes. On sait que le Portugal en est capable. Là où les Portugais ont été remarquables, c’est qu’ils ont intégré le futsal dans tous leurs programmes de développement de jeunes joueurs. En substance, ils ont investi massivement dans le futsal pour que leur pays domine la concurrence.
Cette édition s’annonce très intéressante. Je ne me risquerai pas au jeu des pronostics, mais il est évident que le Brésil, l’Espagne, le Portugal et l’Argentine font partie des favoris. Toutefois, le tableau pourrait être plus ouvert que jamais car plusieurs autres équipes ont les armes pour aller au bout.
Quatre nations participent pour la première fois à cette compétition : l’Afghanistan, la France, le Tadjikistan et la Nouvelle-Zélande. Quelles sont leurs chances et est-ce que leur présence reflète l’essor du futsal à l’échelle mondiale ?
Dell : Je m’attends à ce que chacune de ces équipes évolue dans un style bien marqué, caractéristique du jeu tel qu’il est pratiqué en Asie, en Europe et en Océanie. Je me plais à penser que l’écart entre les habitués de la compétition et ces quatre novices n’est pas si grand. On peut espérer que s’ils sont là, c’est qu’ils ont su tirer les leçons de leurs dernières compétitions et des récents tournois de qualification, et s'inspirer des équipes qui savent comment gérer les matches pour réussir à se qualifier régulièrement.
J’espère aussi que ces quatre équipes ont un plan pour briller lors de cette Coupe du Monde. En 2021, nous avons beaucoup travaillé pour aider les équipes nationales à définir leur feuille de route vers le plus haut niveau. J’espère que ces quatre nations, ou du moins certaines, se sont appuyées sur les conseils d’experts et les jeux de données que nous avons préparés à l’intention des entraîneurs.
Sur le plan individuel, elles ont l’air bien armées. Si elles font un beau parcours, tant mieux, mais l’essentiel est qu’elles emmagasinent de l’expérience pour l’avenir. Elles ont décroché leur billet pour la première fois, bravo à elles, mais c’est leur capacité à disputer régulièrement cette compétition qui validera ou non la solidité de leur dispositif et les progrès réalisés ces dernières années. Le but pour ces équipes doit vraiment être de se qualifier plusieurs fois de suite.
Outre les aspects techniques et tactiques, quels sont les facteurs qui peuvent jouer sur la performance des équipes ?
Quiros : Il y a d’autres facteurs sous-jacents. Le fait d'organiser des compétitions relevées, que ce soit entre des clubs à l’échelle du pays ou entre équipes nationales au sein de chaque confédération, permet aux joueurs de se frotter régulièrement au plus haut niveau, ce qui favorise leur développement. Les stars internationales présentes à la Coupe du Monde de Futsal sont aussi des joueurs capables de faire la différence dans les moments décisifs. Bien sûr, il faut aussi travailler la cohésion et les aspects mentaux tels que la concentration, la solidarité, le respect et la capacité à se remettre en question. Enfin, lorsque deux équipes se valent, des facteurs comme la préparation physique ou la puissance peuvent faire basculer le match.
Vous avez longtemps travaillé pour l’AFC et l’IRIFF. Êtes-vous déjà allé en Ouzbékistan, et que représente la compétition pour cette région ?
Targholizadeh : En effet, je suis allé de nombreuses fois en Ouzbékistan. Plusieurs éditions du Championnat d’Asie de Futsal ont été organisées à Tachkent, et j’ai récemment pu observer un essor important de la discipline dans ce pays. Les nouvelles salles qu’ils ont construites sont magnifiques. Sachant que 336 joueurs vont participer à cette compétition, il est certain que cela va faire beaucoup de bruit à l’échelle régionale. On peut donc s’attendre à ce que des pays voisins cherchent à organiser des compétitions de la FIFA ou de l’AFC.
L’équipe technique de la FIFA présente à la Coupe du Monde de Futsal 2024
Responsables de projet
Arsène Wenger – directeur du Développement du football mondial
Steven Martens – directeur de la sous-division Développement du football mondial
Tom Gardner – chargé des performances et tendances du football
Experts techniques
Pascal Zuberbühler – expert footballistique senior et responsable du Groupe d’étude technique pour la compétition
Carlos Quiros – expert technique
Graeme Dell – expert technique
Ali Targholizadeh – expert technique
Analyse des performances et tendances du football
Harry Lowe– chef d’équipe analyse des performances
Alessandro Foglino – analyste de performances
Jeremy Chor – analyste de performances
Natascia Prieto – responsable des opérations