Lors de son match d'ouverture, le Brésil a obtenu 16 corners – quasiment le double de la moyenne des équipes au premier tour d’Ouzbékistan 2024™–, et quatre de plus que la moyenne enregistrée par la Seleção pendant la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Lituanie 2021™. Ali Targholizadeh, qui a suivi le match à l’Universal Sports Complex de Boukhara, explique en quoi ce chiffre illustre directement la domination offensive brésilienne, et révèle les qualités qui ont permis aux Sud-Américains d’être aussi dangereux sur corner.
Facteurs expliquant le nombre élevé de corners
Comment le Brésil a-t-il réussi à obtenir 16 corners en 40 minutes ? Le Brésil a l’habitude de se procurer beaucoup de corners, car il oblige souvent ses adversaire à évoluer en bloc bas pendant une grande partie du match. Pour Targholizadeh, cela tient notamment à l’excellente qualité individuelle de ses joueurs et à l'importance des permutations dans le jeu brésilien.
« Le futsal est un sport de combinaisons, basé sur la technique individuelle et les déplacements entre joueurs ou ‘permutations’. Lorsque le futsal moderne a commencé à se développer, la plupart des joueurs ignoraient comment effectuer des permutations dans des systèmes en 2-2, 3-1 ou 4-0. Ces permutations aident les joueurs à se débarrasser de leur vis-à-vis. C’est le préalable pour créer des espaces et se procurer des occasions. »
Contre Cuba, le Brésil a effectué des permutations dès le début de ses actions, affirmant son emprise sur le match et donnant ainsi à ses joueurs la possibilité d’exploiter leurs qualités techniques. C’est précisément ce qui lui a permis de faire reculer la défense cubaine, explique l’ancien patron du futsal et du beach soccer au sein de l’AFC. « Les équipes sud-américaines sont particulièrement fortes pour battre leurs adversaires en un contre un. Contre le Brésil, la plupart des équipes sont obligées de se recroqueviller en bloc bas. »
Le nombre de un contre un tentés par les Auriverdes témoigne de leur aisance dans cet exercice. La Seleção en a tentés 16 face à Cuba, soit six de plus que la moyenne du premier tour jusqu’ici. Sur ces 16 tentatives, sept ont tourné à l’avantage de l’attaquant. Un chiffre largement supérieur à la moyenne de 4,5 un contre un gagnés par match au premier tour, ce qui confirme la domination brésilienne dans ce secteur.
Selon Targholizadeh, cette supériorité individuelle a considérablement réduit le champ des possibles pour Cuba.
« Les défenseurs n’ont que peu de chances de s’en sortir en un contre un face aux Brésiliens. La probabilité qu’ils arrivent à leur prendre le ballon est très faible. En général, leur meilleure option est de dégager hors des limites du terrain. Voilà pourquoi le Brésil se procure autant de corners : c’est tout simplement le fruit de la qualité technico-tactique de ses joueurs. »
Tirer les corners efficacement
Si l’on ne peut qu’admirer la capacité du Brésil à faire reculer la défense cubaine et à obtenir des corners, l’essentiel reste de convertir ces derniers en occasions de but concrètes. Or, sur les 16 corners brésiliens, 11 ont directement été suivis par un tir cadré, avec un but à la clé, ce qui témoigne de leur efficacité dans ce domaine. La Seleção a appliqué diverses tactiques sur ses corners, ce qui a posé beaucoup de problèmes à Cuba tout au long de la rencontre.
Trouver le joueur en retrait
L’une de ces tactiques consistait à servir le coéquipier le plus reculé pour qu’il frappe au but. C’est ce que l'on peut voir dans la vidéo 1. Alors que Leandro Lino (n°9) joue long pour Marcel (n°6) – qui est le joueur le plus en retrait –, l'un de ses partenaires coupe la course du défenseur cubain pour éviter que le rideau défensif se referme sur Marcel. Quand Marcel reçoit le ballon, il a tout le temps de contrôler avant d’effacer le défenseur qui monte sur lui et de frapper au but.
Lorsqu'ils ne peuvent pas servir directement le joueur en retrait, les Brésiliens s’adaptent et font preuve de créativité pour le trouver. Dans la vidéo 2, la position de départ des joueurs brésiliens est la même que dans la vidéo précédente. Mais cette fois, au lieu de passer directement le ballon à Marcel, Lino (n°9) combine avec Neguinho, qui attire dans son sillage trois joueurs cubains. Après un une-deux avec Neguinho, Lino adresse alors une longue passe à Marcel (n°6), complètement démarqué, qui déclenche sa frappe.
Varier les combinaisons
Il est plus facile pour la défense d’anticiper si l’équipe en attaque utilise toujours la même combinaison. Pour rester efficaces sur corner, les équipes doivent varier les combinaisons afin de maintenir le doute dans l’esprit des défenseurs, et maîtriser plusieurs variantes pour une combinaison donnée. Dans les clips 1 à 4, on voit que le Brésil utilise quatre combinaisons différentes sur corner. Pour Targholizadeh, c’est cette diversité qui rend le rend aussi redoutable sur ce type d’actions.
« Il est essentiel de varier les combinaisons sur coup de pied arrêté car sinon, l’adversaire peut lire, anticiper et facilement neutraliser les attaques. S’agissant du Brésil, cette variété ne résulte pas de choix individuels mais bien d’une stratégie collective. Il existe de nombreuses façons de tirer les corners en futsal, mais rien que sur ces quatre exemples, on voit que le Brésil est très habile dans cet exercice. »
Le but que l’on voit dans la vidéo 4 est la résultante de ces variations et de la faculté du Brésil à trouver le joueur démarqué. Ici, le capitaine Dyego (n°7) adresse une transversale à Marlon (n°4), qui marque d’une reprise de volée à l’entrée de la surface.
Points clés
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Corner ne rime pas forcément avec occasion de but. Les équipes ont intérêt à diversifier leurs combinaisons pour surprendre l’adversaire, et à travailler plusieurs variantes d’une même combinaison.
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Les joueurs doivent s’adapter immédiatement à la situation : si la combinaison initialement envisagée n’est pas applicable, à eux de trouver une variante pour l’exécuter quand même.
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Avoir des joueurs très forts en un contre un peut avoir un effet domino. Par exemple, comme Cuba évolue en bloc bas, le Brésil n’hésite pas à multiplier les un contre un, ce qui lui permet d’obtenir plus de corners, et donc d’occasions de but.