À l’occasion de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Ouzbékistan 2024™, la FIFA a utilisé pour la deuxième fois son propre système de collecte de données afin d'analyser le jeu proposé par les meilleures sélections au monde. Ces données, compilées sur la base de paramètres identiques, permettent de comparer les statistiques de matches ou de la compétition en général d'une édition de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA à l’autre. Épaulé par l’équipe Analyse des performances et tendances du football, le Groupe d’étude technique a mis en évidence cinq thèmes clés observés en Ouzbékistan qui illustrent la façon dont le futsal a évolué depuis l’édition organisée en 2021 en Lituanie. Les experts de la FIFA ont également expliqué les raisons à l’origine de ces changements. Les cinq thèmes abordés dans la présente analyse sont les suivants :
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Nombre de buts marqués et taux de conversion en but
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Gardiens volants et power play
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Temps passé en bloc haut et médian
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Buts inscrits en phases offensives et finitions sans contrôle
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Coups de pied arrêtés et physionomie de la rencontre
Observation 1 : Davantage de buts ont été marqués comparé à 2021 malgré un nombre de tentatives similaire
Un total de 4 215 tirs cadrés ont été enregistrés lors de la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA 2024 contre 4 138 en 2021, soit une hausse de 1,9%. En revanche, le nombre de buts marqués, lui, a augmenté 20,7%, ce qui indique que les joueurs se sont montrés plus adroits devant le but en Ouzbékistan. Les trois taux de conversion en but les plus élevés enregistrés lors des deux dernières Coupes du Monde de Futsal semblent confirmer cette observation : les nations arrivées en tête de ce classement en 2024, à savoir le Panamá (12,8%), la Thaïlande (12,5%) et le Brésil (12,3%), affichent en effet un meilleur taux de conversion que les sélections les plus efficaces devant le but en 2021 qu'étaient l’Ouzbékistan (10,5%), la RI Iran (9,6%) et l’Argentine (9,0%).
Malgré ces chiffres en nette hausse, le Groupe d’étude technique souligne que la finition demeure un domaine dans lequel les joueurs de futsal peuvent encore s’améliorer. Même si le taux de tirs cadrés a légèrement progressé en Ouzbékistan (35,4% contre 35,3% en Lituanie), ces statistiques indiquent que la plupart des tentatives ne débouche pas sur un but.
Observation 2 : Plus de phases dangereuses générées avec gardiens volants, moins en power play
Les gardiens volants et le power play sont deux spécificités du futsal. Au cours d’une phase de power play, un gardien peut être remplacé par un joueur de champ pour que celui-ci occupe une position plus avancée lors de la phase de jeu offensive de son équipe. Selon la définition de la FIFA, un « gardien volant » est un gardien qui occupe lui-même cette position au sein du camp adverse, sans être soumis à une quelconque limite de temps. L’équipe évolue alors comme si elle était en power play mais n’a pas à effectuer le moindre changement et peut conserver son gardien de but sur le terrain.
Gardien volant
Le recours aux gardiens volants constitue une différence notable entre les éditions 2021 et 2024 de la compétition (+74,5% en Ouzbékistan). Comme le souligne le Groupe d’étude technique, un gardien volant peut aider son équipe à atteindre ses objectifs lors des phases offensives sans que cette dernière ait à se passer des compétences propres au poste de gardien, comme c’est le cas lors des phases de power play. Les objectifs visés en phase offensive sont les suivants :
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casser les lignes, déjouer le pressing ou faire reculer le bloc adverse ;
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créer des situations de supériorité numérique ;
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conserver cinq joueurs et éviter les remplacements ;
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être performant dans les transitions offensives ;
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se montrer plus dangereux sur les phases arrêtées offensives.
Les données récoltées indiquent que cette stratégie a porté ses fruits en Ouzbékistan, puisque l’utilisation d'un gardien volant a permis à l’équipe concernée de marquer dans 5,9% des cas alors que le taux de réussite n’était que de 1% en 2021. Selon le Groupe d’étude technique, cette hausse pourrait s’expliquer par le fait que les gardiens de but possèdent désormais les qualités techniques requises pour contribuer à faire la différence lors des actions offensives de leur équipe.
Power play
À l’inverse, le power play n'a pas permis aux équipes participantes de se montrer plus tranchantes en 2024. Alors que le nombre de phases de power play a grimpé de 38,1%, seules 4,2% de ces situations se sont conclues par un but marqué, contre 7,6% en 2021. Dans 6,5% des cas, c’est même l’équipe en situation de supériorité numérique dans le champ qui a fini par encaisser un but. Même si cette statistique est en légère baisse par rapport à 2021 (7,6%), elle démontre que les équipes recourant au power play restent plus susceptibles de concéder un but que de marquer.
Le Groupe d’étude technique a soulevé les questions suivantes concernant le power play :
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Pourquoi évoluer en power play si cette stratégie ne s’avère pas efficace ?
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Quelles sont les intentions d'une équipe optant pour un power play ?
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Les équipes comprennent-elles pourquoi elles n’arrivent pas à tirer profiter des phases de power play ?
Cependant, le Groupe d’étude technique a remarqué plusieurs changements concernant l’utilisation du power play. Les phases de power play sont par exemple moins fréquentes lorsque les deux équipes sont à égalité (dans 3,3% des cas en 2024, contre 7,2% en 2021), ce qui démontre que les sélectionneurs semblent s’être interrogés sur les moments opportuns pour recourir à cette stratégie.
Les équipes ont également davantage tenté leur chance depuis la zone 4 (28,5% des tirs effectués contre 20,5% en 2021) que depuis la zone 3 (18,4% contre 16,3%) lors des phases de power play en 2024, démontrant une volonté de faire circuler le ballon afin de s’approcher du but adverse plutôt que de s’en remettre à des frappes lointaines. Étant donné que les équipes ont statistiquement plus de chances d'encaisser un but que de marquer lorsqu'elles jouent en power play et que moins de buts ont été inscrits lors de ces phases en Ouzbékistan qu'en Lituanie, il est évident que d’importants progrès peuvent être réalisés dans ce domaine. Les données récoltées prouvent que le rapport bénéfices/risques est largement défavorable aux formations choisissant d’évoluer en power play avec un bloc haut.
Observation 3 : Baisse du temps passé en bloc haut et médian
Les donnés recueillies par la FIFA permettent de mettre en lumière l’organisation que les équipes privilégient lorsqu’elles n’ont pas le ballon. Il existe notamment six grandes catégories de solutions : bloc bas, pressing bas, bloc médian, pressing médian, bloc haut et pressing haut. Les statistiques de l’édition 2024 indiquent que les équipes ont modifié la façon dont elles évoluent hors possession depuis la dernière phase finale.
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Le temps total passé en pressing haut / bloc haut a diminué de 40,4%.
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Le temps passé en pressing médian / bloc médian a lui aussi baissé, de 9,5%.
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À l’inverse, le temps total passé en pressing bas / bloc bas a augmenté de 15,2%.
Ces changements sont interconnectés selon le Groupe d’étude technique, qui explique qu’une équipe aura plus de mal à presser efficacement le porteur du ballon si elle ne parvient pas à s'organiser correctement en bloc haut ou médian. Cela laisse donc à l’adversaire le temps et l’espace nécessaires pour déjouer le pressing et faire remonter le ballon. Par conséquent, les formations optent de plus en plus souvent pour un bloc bas et compact afin de minimiser les risques.
La popularité accrue des gardiens volants (hausse de 74,5% comme indiqué dans l’observation 2) pourrait aussi expliquer la raréfaction des pressings haut / blocs hauts. Les gardiens volants à l’aise aussi bien techniquement que tactiquement en phase de possession contribuent à acculer l’équipe adverse près de son but, qui aura également plus de mal à monter sur le porteur du ballon.
Mesurer l’efficacité du pressing/bloc
Les données concernant la façon dont les équipes ont défendu sans le ballon (nombre de secondes par action défensive) ont également mis en lumière l'émergence de nouvelles tendances. Si le temps moyen par action défensive pour les équipes évoluant en pressing bas / bloc bas (une action défensive toutes les 22,8 secondes) n’a guère changé depuis l’édition 2021, celui des équipes en pressing médian / bloc médian a augmenté de 3,8 secondes (toutes les 24,9 secondes contre toutes les 21,1 secondes en 2021). Ces chiffres montrent que les équipes qui évoluaient de la sorte ont défendu de manière moins agressive en Ouzbékistan.
Pareillement, les équipes ayant opté pour un pressing haut / bloc haut ont elles aussi totalisé moins d’interventions, avec en moyenne une action défensive toutes les 22,2 secondes en Ouzbékistan contre toutes les 19,4 secondes en Lituanie. Le Groupe d’étude technique souligne qu'il est essentiel pour les équipes qui désirent exercer un pressing haut de le faire de manière organisée et efficace.
Observation 4 : Davantage de buts marqués en phases offensives et de finalisations sans contrôle
Le Groupe d’étude technique souligne également que de nombreuses équipes se sont montrées plus efficaces lors des phases offensives en Ouzbékistan. Selon la définition de la FIFA, une équipe entame une phase offensive lorsque i) elle franchit la ligne médiane balle au pied ou à l’aide d’une passe et ii) elle réussit au moins une passe dans la moitié de terrain adverse. Cette phase se poursuit jusqu'à ce que l’équipe qui attaque perde le ballon ou retourne dans son propre camp.
Alors que 20,6% des buts marqués en Lituanie l’ont été à l’issue de phases offensives, cette proportion s’élève à 30,9% pour l’édition 2024. Ces chiffres sont étroitement liés à la tendance soulignée dans le cadre de l’observation 3 ci-dessus. Toujours plus de défenses sont organisées en bloc bas, et il est plus facile pour les équipes qui attaquent de faire circuler le ballon dans la zone 3 dans ces conditions que face à des blocs hauts ou médians. Cela entraîne donc une hausse du nombre de séquences de jeu au cours desquelles l’équipe en possession conserve le ballon dans la zone 3 pour ensuite s'infiltrer dans la zone 4 et conclure.
Les joueurs se sont également montrés plus adroits dans leurs finitions sans contrôle en 2024, avec 40,9% des buts marqués en une touche contre 32,9% en 2021. Au total, 30,3% des buts inscrits sans contrôle en Ouzbékistan l'ont été au cours de phases offensives, un chiffre en nette hausse comparé aux 20,1% de l’édition 2021. Ces statistiques montrent que les joueurs sont capables d’adresser des passes plus précises à des coéquipiers mieux placés pour convertir les occasions.
Observation 5 : Des buts sur phases arrêtées moins fréquents mais plus décisifs
Le Groupe d’étude technique a remarqué qu’un nombre significatif de buts marqués sur coups de pied arrêtés ont eu une influence considérable sur la physionomie de la rencontre lors de cette phase finale. En d’autres termes, de plus en plus de réalisations sur phases arrêtées ont permis à l’équipe concernée d’égaliser ou de prendre l’avantage, comme le prouvent les données collectées par la FIFA. Au total, 50,7% des buts marqués sur coups de pied arrêtés en 2024 ont permis à l’équipe concernée d’égaliser ou de prendre l’avantage, soit une hausse de dix points de pourcentage par rapport à 2021 (41,0%). Ces chiffres témoignent de l'importance d’être efficace sur les phases arrêtées, notamment dans les moments clés des rencontres.
En revanche, la proportion de buts inscrits à la suite d'un corner, d'un coup franc ou d'une rentrée de touche en faveur de l’équipe qui attaque a diminué en 2024, avec 81 buts sur 362 (22,4%) inscrits sur ce type de situation en Ouzbékistan, contre 100 sur 301 (33,2%) en Lituanie. D’après le Groupe d’étude technique, ces statistiques mettent en évidence l’importance des coups de pied arrêtés. Même si les buts marqués à la suite de phases arrêtées sont moins fréquents, ils sont plus susceptibles d’avoir une influence considérable sur le score final. Cela témoigne de la capacité des équipes à tirer le meilleur parti de ce genre de situations dans les moments décisifs.