#Tournoi Olympique de Football féminin

La variété du jeu offensif français : jouer dans le dos de la défense, passer par les côtés et permuter au milieu

FIFA, 27 juil. 2024

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Le Tournoi Olympique de Football féminin, Paris 2024 a débuté jeudi 25 juillet avec six rencontres organisées dans six villes françaises. Le pays hôte a entamé sa campagne olympique par une victoire 3-2 face à la Colombie, et la première mi-temps des Bleues va faire l’objet de la deuxième analyse du Groupe d’étude technique, qui suit chaque rencontre des compétitions masculine et féminine.

Les protégées d’Hervé Renard menaient 3-0 à la pause grâce à un jeu rapide et séduisant, à base de courses, permutations et appels incessants, de contrôles orientés incisifs et de surnombres intelligemment amenés dans les couloirs. 

« La France a fait preuve de panache dans cette première période, et ce à plus d’un titre », explique Anna Signeul. « J’ai été très impressionnée par la cohésion de l’équipe et par la manière dont chaque joueuse a compris le rôle qu’elle devait occuper tout au long des différentes séquences offensives. On voyait que l’on avait affaire à une équipe concentrée et déterminée, avec des joueuses suffisamment fortes techniquement et intelligentes tactiquement pour déstabiliser la défense colombienne par des actions rapides et tranchantes. »

« Elles ont su étirer la défense en jouant dans la largeur et la profondeur, notamment grâce au travail inlassable des trois milieux de terrain. Leur relation technique avec les trois attaquantes et les deux latérales témoigne d’une mécanique parfaitement huilée, probablement peaufinée des heures durant à l’entraînement », note l’experte suédoise.

L’utilisation des couloirs

La qualité du jeu offensif français en première période reposait sur deux éléments : la capacité à créer le surnombre dans les couloirs et l’afflux de joueuses dans la surface pour reprendre les différents types de centres.

Pendant les phases de construction sur les ailes, les trois milieux axiales (Sandie Toletti [14], Grace Geyoro [8] et Kenza Dali [15]) étaient constamment en mouvement pour offrir des solutions aux ailières et aux latérales. Deux milieux participaient ainsi aux séquences d’attaque sur l’aile, tandis qu’une troisième restait généralement en soutien dans l’axe.

Une fois que le le ballon se trouvait dans le dernier tiers, deux joueuses déboulaient dans la surface, à savoir l’ailière opposée et l’avant-centre Marie-Antoinette Katoto (12). 

Dans la vidéo 1, Anna Signeul montre les différents mouvements sur lesquels la France s’est appuyée pour construire ses attaques.

« Quand elle est dans sa propre moitié de terrain, la France fait tourner le ballon patiemment jusqu’à obtenir une situation de jeu favorable. Dès que Dali reçoit le ballon dans l’entrejeu, l’ailière droite Delphine Cascarino (10) repique dans l’axe pour faire un appel. La latérale droite Maëlle Lakrar (2) s’engouffre alors dans l’espace vacant et, dès qu’elle reçoit le ballon, Cascarino et Geyoro lui apportent du soutien pour créer une situation de 3 contre 2 sur l’aile. »

« Dali vient aussi en renfort, ce qui crée une situation de 4 contre 3 en faveur de la France. Geyoro et Cascarino combinent de manière à ce que cette dernière reçoive le ballon dans le dos de la défense colombienne. Pendant ce temps, l’ailière gauche Diani (11) court vers le second poteau, tandis que l’avant-centre Katoto prend l’axe et que Dali ralentit sa course pour offrir une solution en cas de centre en retrait. Tout cela s’effectue de manière très coordonnée, chaque joueuse étant dans le bon tempo, avec un maximum d’engagement physique. »

En moyenne, la France a réalisé 47 incursions dans le dernier tiers depuis les côtés pour 30 minutes de possession, ce qui représente 67% de ses incursions dans le dernier tiers au cours de ce match.

Vidéo 1 : la France construit ses actions en créant le surnombre sur un côté, avec des joueuses qui affluent dans la surface pour proposer des solutions à celle qui centre.

Permutations dans l’entrejeu et appels entre les lignes

Les courses et les permutations des trois milieux axiales ont également été déterminantes dans la construction des actions tricolores. Toletti, Dali et Geyoro sont toujours en mouvement et leurs déplacements sont toujours synchronisés. Elles apportent du soutien en attaque, aident à neutraliser les contre-attaques adverses et pèsent sur le système défensif des Cafeteras. 

Leurs permutations aident la France à trouver des espaces entre les lignes, avec les attaquantes qui décrochent pour recevoir le ballon. Au total, la France a effectué 167 appels entre les lignes, dont 52 pour la seule Kenza Dali. C’est 19 unités de plus que sa partenaire Kadidiatou Diani, et 32 de plus que toute autre joueuse tricolore. Par ailleurs, les Bleues ont reçu le ballon à 85 reprises entre le milieu et la défense colombienne.

Ces aspects sont mis en lumière dans la vidéo ci-dessous.

« Dans cette action, qui part d'un coup de pied de but, on voit bien ces permutations. La milieu défensive Toletti remonte le ballon, tandis que les milieux offensives Dali et Geyoro décrochent pour lui apporter du soutien. Les trois joueuses opèrent en coordination, tandis que l’action se construit sur le côté gauche. Leur proximité sur le terrain leur permet de faire basculer rapidement le jeu du côté droit. La France dispose alors de cinq joueuses dans la surface, dont deux milieux (Geyoro et Dali), au moment du centre, tandis que Toletti offre une solution à la porteuse en dehors de la surface.

Vidéo 2 : les trois milieux axiales tricolores effectuent des courses et des permutations coordonnées pour faciliter la construction de l’action, sans perdre de vue le rôle de milieu défensive.

Passes dans le dos de la défense

Si la France a construit ses actions sur les ailes et trouver des espaces entre les lignes colombiennes, elle a également su prendre à revers la défense adverse. Au total, les Bleues ont reçu 15 fois le ballon dans le dos de la défense, dont cinq fois pour la seule Delphine Cascarino. Les données confirment l'importance des couloirs dans le jeu tricolore, puisque 60% des ballons reçus dans le dos de la défense l’ont été sur les côtés. 

« La tactique de la France consiste à étirer le jeu en utilisant les côtés et la profondeur, explique Anna Signeul. Souvent, une ailière décroche pour recevoir le ballon, attirant une défenseure dans son sillage. C’est une tactique délibérée de la France, qui cherche ensuite à exploiter l’espace ainsi libéré en trouvant des joueuses dans le dos de la défense, à l’aide de passes aériennes ou à ras de terre. Ainsi, les Bleues disposent à chaque fois d’un éventail de solutions en fonction de la situation qui se présente. Les deux centrales (Wendie Renard [3] et Mbock Bathy [18]), souvent seules derrière, ont su distiller ces longues passes devant avec brio. »

Les vidéos 3 et 4 offrent un bon aperçu de ces schémas offensifs.

Vidéo 3 : Cascarino (10) décroche pour faire un appel et attire sa défenseure avec elle. L’arrière droite Lakrar (2) accélère pour réceptionner la longue passe de Wendie Renard (3), mais le ballon est dévié vers l’avant-centre Marie-Antoinette Katoto, qui file droit au but (12).
Vidéo 4 : Katoto marque de la tête après une longue passe en profondeur, alors qu’il y avait au total cinq joueuses françaises dans la surface.

Cohésion et jeu court

La cohésion de l’équipe de France a fait forte impression en première période. « On voit que les joueuses connaissent parfaitement leur rôle et qu’elles permutent pour se couvrir mutuellement, poursuit l’ancienne sélectionneuse de l’Écosse. Il est évident que cette coordination a été travaillée à l’entraînement. Kenza Dali est un maillon essentiel entre les lignes. Cette alchimie collective, alliée à la capacité des Bleues à enchaîner les passes rapides, empêche la Colombie d’exercer un pressing efficace.

Si ça bloque d’un côté, les Françaises repartent de derrière et tentent de construire une action dans l’axe ou de l’autre côté. Leur vitesse d’exécution et la qualité de leurs contrôles orientés les rendent extrêmement dangereuses en attaque. L’équipe est équilibrée et le système de jeu convient très bien aux joueuses, en particulier Kenza Dali. Et puis, la France a su enflammer son public », ajoute la Scandinave. 

La dernière vidéo illustre la qualité du jeu tricolore en première période.

Vidéo 5 : la France a essayé toutes sortes de choses pour désorganiser la défense colombienne, notamment en multipliant les courses et les permutations, sans pour autant se découvrir en défense.

Résumé

La France a prouvé qu’elle était capable de pratiquer un jeu offensif diversifié, avec des courses et des permutations intelligentes et coordonnées qui ont mis à mal le système défensif adverse. Les Bleues ont été fidèles à leurs principes offensifs, chaque joueuse ayant parfaitement compris ce que l’on attendait d’elle en termes de projection et de couverture.

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