Il se penche en particulier sur les éléments techniques permettant de gagner en efficacité dans ce secteur du jeu et s’appuie sur les données recueillies par l’équipe Analyse des performances et tendances du football pour étayer son propos.
Casser les lignes
Ces données, qui concernent toutes les rencontres disputées du début de la compétition jusqu’aux demi-finales (incluses), indiquent que les gardiennes ont tenté et réussi davantage de passes permettant de casser des lignes comparé à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023™. Durant les JO, elles ont ainsi totalisé 15,3 tentatives de cassages de lignes pour 30 minutes avec ballon, contre 13,9 durant la dernière édition de l’épreuve reine du football.
Leur taux de réussite a lui aussi augmenté, passant de 38% en 2023 à 43% en 2024. La gardienne allemande, Ann-Katrin Berger, est celle qui a tenté le plus grand nombre de passes pour casser des lignes (121 en 569 minutes de jeu). À titre de comparaison, l’Américaine Alyssa Naeher a totalisé 37 tentatives en 567 minutes. Par ailleurs, Berger se hisse au troisième rang en termes de taux de réussite (58%), juste derrière Naeher (62%). Si l’Espagnole Cata Coll domine ce classement (78% de réussite), elle n’a en revanche tenté que 27 cassages de lignes en 540 minutes, loin derrière l’Allemande, qui a joué un rôle essentiel en phase de construction.
Facteurs permettant de casser des lignes
Désormais, afin de pouvoir évoluer au plus haut niveau, il est essentiel d’être à l’aise des deux pieds. Toutefois, c’est bien la capacité à faire les bons choix et à assurer ses passes malgré la pression adverse qui distingue les meilleures gardiennes.
« Dans le football moderne, les gardiens et les gardiennes doivent s’entraîner avec le reste de l’équipe pour travailler les relations avec leurs partenaires et se préparer à différentes situations susceptibles de se présenter en match. Il s’agit notamment d’entraîner la capacité à proposer des solutions qui permettront de repartir efficacement de derrière. La technique est importante, bien sûr, mais elle n’aura qu’une incidence relative si les gardiens et gardiennes n’offrent pas de solutions quand leurs arrières ont le ballon ou, inversement, si leurs partenaires restent à l’arrêt et ne se proposent pas quand les gardiens ont le ballon. »
Changer l’orientation du jeu
Dans les vidéos ci-dessous, Zuberbühler met en avant certains aspects relatifs aux relances qui permettent véritablement de modifier l’orientation du jeu.
Ann-Katrin Berger – Allemagne
« Cet extrait illustre à la perfection l’extraordinaire qualité de passes d’Ann-Katrin Berger. Elle fait preuve d’une grande variété dans ses relances et on l’a vue opter à plusieurs reprises pour ce type de ballon durant la compétition. Ici, plusieurs partenaires décrochent pour lui proposer une solution alors qu’elle s’apprête à recevoir la passe en retrait, mais elle décide de jouer long, en une touche, en direction de Lea Schüller (n°7). Sa passe est extrêmement précise et lui permet de sauter deux lignes adverses. Il ne fait aucun doute que cette situation a été travaillée à l’entraînement, car à chaque fois qu’elle s’est présentée en match, la destinataire avait constamment des partenaires en soutien à proximité. En l’occurrence, la relance longue de Berger a été le point de départ d’une superbe action collective terminant sur un but. Rares sont les gardiennes à pouvoir répéter ce type de passes en conservant ce niveau de précision. »
Katherine Tapia – Colombie
Ce deuxième extrait permet de mettre en avant la relation entre Katherine Tapia et ses défenseures. Ici, sa centrale lui adresse une passe en retrait et va immédiatement gêner l’attaquante adverse pour l’empêcher d’aller au pressing. Tapia réalise deux touches intelligentes à la réception du ballon qui lui permettent de feinter l’attaquante la plus proche et d’avoir le champ libre. Sa défenseure joue un rôle important, mais ces deux touches montrent qu’elle a parfaitement lu le jeu. Une fois qu’elle est parvenue à se créer de l’espace, Tapia bénéficie de trois solutions (une défenseure et deux milieux). Sa passe dans le cœur du jeu lui permet de casser le premier rideau adverse et de lancer une offensive débouchant sur une occasion de but.
Chiamaka Nnadozie – Nigeria
Dans cette dernière vidéo, Chiamaka Nnadozie décide de jouer long malgré les différentes solutions courtes offertes par ses partenaires. Elle commence par servir sa milieu axiale puis recule légèrement et se tient prête à recevoir de nouveau le ballon. Ces quelques pas suffisent à compliquer le pressing adverse tout en lui laissant assez de temps pour ajuster une longue passe dans une zone occupée par quatre partenaires. Nnadozie saute ainsi plusieurs lignes et change l'orientation du jeu, offrant une situation de quatre contre quatre à son équipe.
Résumé
À Paris 2024, les gardiennes ont tenté et réussi plus de passes permettant de casser les lignes que durant la dernière Coupe du Monde Féminine de la FIFA™. Elles se sont montrées particulièrement à l’aise balle au pied et avaient manifestement travaillé les relations avec leurs partenaires, qui leur ont régulièrement proposé des solutions. La combinaison de ces deux facteurs explique leur réussite dans la capacité à casser les lignes adverses.