#Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA 2024

Gardiennes : techniques d’arrêt en fonction de la distance de tir

FIFA, 3 nov. 2024

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Les gardiennes doivent adapter leur posture et leur parade en fonction de la distance du tir. Dans cet article, Pascal Zuberbühler, du Groupe d’étude technique, s’appuie sur des exemples tirés de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, République dominicaine 2024™, afin de souligner les aspects techniques à prendre en compte pour arrêter des tirs depuis l’intérieur et l’extérieur de la surface de réparation.

Les données recueillies par l’équipe Analyse des performances et tendances du football de la FIFA montrent que, jusqu’au stade des demi-finales, le taux d’arrêts sur les tirs cadrés depuis l’extérieur de la surface de réparation est passé de 84% lors de la Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA, Inde 2022™ à 90,3% durant l’édition 2024. En outre, on observe une amélioration significative du taux d’arrêts sur les tirs depuis l’extérieur de la surface et visant le tiers supérieur du but, lequel passe de 67,5% en 2022 à 81% en 2024.

Cet écart est important et il convient d’analyser les différentes techniques d’arrêt employées selon la distance des frappes.

Arrêts sur des tirs depuis l’extérieur de la surface

Pour arrêter des tirs depuis l’extérieur de la surface de réparation, la gardienne doit être proche de sa ligne de but afin de réduire l’angle (profondeur) pour l’adversaire. Elle doit rester bien droite et gainée, avec les mains placées au niveau du buste, afin de pouvoir réagir en une fraction de seconde.

Dans ces situations, l’orientation du corps de la gardienne est primordiale et doit tenir compte de la position de la tireuse. Par exemple, il est plus facile d’intervenir sur un tir venant de l’axe que sur une frappe excentrée. La plupart des tirs depuis l’extérieur de la surface viennent d’un côté, et la position du corps de la gardienne, notamment l’orientation de ses épaules, a une grande importance. Enfin, la gardienne doit adapter son orientation en fonction du pied fort de la tireuse, car l’angle de tir sera différent, notamment quand une joueuse droitière repique dans l’axe depuis le côté gauche et inversement.

Pour les phases arrêtées en dehors de la surface, la situation est quelque peu différente : les gardiennes ont le temps d’analyser la distance, la position de tir et le pied de tir de l’adversaire. Elles ne doivent pas se tromper, car sur coup de pied arrêté, elles ont très peu de temps pour réagir et prendre leur impulsion.

Pascal Zuberbühler a sélectionné les vidéos ci-dessous pour illustrer certaines techniques employées par les gardiennes sur les tirs depuis l’extérieur de la surface de réparation à la Coupe du Monde Féminine U-17 2024.

Julia Woźniak (Pologne)

Julia Woźniak a été l’une des meilleures gardiennes de cette compétition. Grâce à sa présence physique, son autorité et ses bonnes prises de décision, elle a réalisé plusieurs parades importantes pour la Pologne, qualifiée pour les quarts de finale sans encaisser le moindre but. Dans la vidéo 1 ci-dessous, elle fait un arrêt décisif lors du dernier match de la phase de groupe contre le Brésil, un match que les Sud-Américaines devaient impérativement remporter pour se qualifier.

« Son positionnement est excellent, car elle peut voir le ballon et elle est tournée en direction de l’angle de frappe », explique Pascal Zuberbühler. « On remarque que son pied droit est plus avancé que son pied gauche. Elle se tient droite et ses mains sont prêtes à intervenir. C’est grâce à sa posture qu’elle parvient à détourner ce tir puissant. »

« Dès que le ballon quitte les pieds de l’adversaire, elle fait un petit pas sur sa gauche et se détend pour sortir le ballon du bout des doigts au-dessus. C’est une illustration parfaite de sa coordination œil-main, c’est-à-dire sa capacité à évaluer la trajectoire du ballon afin de le détourner au bon moment.

Sa prise de décision, sa puissance, son timing et ses qualités athlétiques lui ont permis de réaliser une parade décisive pour son équipe. En gardant sa cage inviolée, elle lui offre la qualification pour les quarts de finale. »

Vidéo 1 : la gardienne polonaise Julia Woźniak se détend sur un tir en dehors de la surface de réparation.

Ana Morganti (Brésil)

La vidéo 2 montre un coup franc dangereux lors de la victoire du Brésil 1 à 0 face à la Zambie. La gardienne brésilienne Ana Morganti a un mur de quatre joueuses devant elle, mais elle peut clairement voir le ballon de là où elle est (près de deux mètres devant sa ligne de but). Tandis que les Zambiennes décalent le ballon vers la gauche, Morganti suit le mouvement et ajuste sa position et l’orientation de son corps.

« Juste avant le tir, elle est parfaitement placée et dispose d’une vue dégagée sur le ballon », note l’ancien portier suisse. « La frappe est puissante et elle prend une grosse impulsion sur son pied gauche. Elle allonge son corps au maximum en déployant son bras droit et dévie le ballon au-dessus de sa barre transversale. Cet arrêt de grande classe doit beaucoup à sa position de départ, à sa lucidité et à ses capacités physiques. »

Vidéo 2 : la gardienne brésilienne Ana Morganti fait un arrêt décisif en détournant un coup franc zambien du bout des doigts.

Luisa Agudelo (Colombie)

La jeune gardienne colombienne Luisa Agudelo s’est distinguée aux yeux du Groupe d’étude technique, tant en République dominicaine lors de la Coupe du Monde Féminine U-17 qu’à la récente Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA 2024™. Son assurance et son engagement font d’elle une pièce maîtresse de son équipe. Elle a un mental d’acier et répond présente dans les moments clés.

« La vidéo 3 ci-dessous montre une parade exceptionnelle qu’elle réalise sur une frappe depuis l’axe », commente Pascal Zuberbühler. « Elle se tient pratiquement sur sa ligne de but et sa détente verticale est vraiment impressionnante. Elle s’élance avec son pied gauche et atteint une hauteur remarquable. Elle étend complètement son bras droit et fait parler son agilité, sa puissance et ses qualités physiques pour détourner le ballon d’une main ferme au-dessus de la barre transversale. Le ralenti montre toute l’importance du timing et de la puissance. Cet arrêt est spectaculaire. »

Vidéo 3 : la gardienne colombienne Luisa Agudelo fait parler toute sa puissance pour se détendre et préserver son but.

Arrêts sur des tirs à l’intérieur de la surface

Pour les arrêts sur des tirs à l’intérieur de la surface, il faut toujours tenir compte de la distance par rapport au but. Il faut bien distinguer les tirs entre 7 et 12 mètres des cages de ceux à moins de 7 mètres du but. Pour les tentatives à plus de 7 mètres, la gardienne doit avoir les mains proches du sol pour être prête à intervenir. L’intervention sera plus facile si ses mains se trouvent près de la trajectoire du ballon. Dans cette position, la gardienne pourra également se détendre plus rapidement sur les ballons hauts. En revanche, si le ballon arrive au sol et qu’elle a les mains au-dessus des genoux, elle aura du mal à intervenir avec force et explosivité.

Sur les tirs à plus de 7 mètres, les gardiennes doivent donc adopter une posture plus basse avec les mains près du sol. Dans ces situations, elles placent également leur centre de gravité légèrement en avant. Cela leur permet d’activer les muscles pelviens et donc de gagner en explosivité.

Lorsque la distance du tir est inférieure à 7 mètres et que l’angle est ouvert, il faut avancer vers la tireuse et mettre son corps en opposition. Si l’angle de tir est fermé (avec l’attaquante proche de la ligne de but), la gardienne peut rester sur ses appuis pour contrer toute tentative de frappe, en rapprochant son genou de son pied d’appui opposé.

Dans les vidéos ci-dessous, « Zubi » nous explique la différence entre une défense basse et une défense haute sur les tirs à l’intérieur de la surface de réparation.

Ana Morganti (Brésil) : arrêt haut sur un tir à 8 mètres

Ici, Morganti remarque que sa défenseure se trouve entre le but et l’attaquante et semble maîtriser la situation. Elle peut donc rester sur sa ligne. Dès que sa défenseure perd le ballon, Morganti réalise qu’elle se retrouve seule face à l’attaquante adverse. Elle recule légèrement et se prépare à intervenir. Sa défenseure centrale droite revient pour s’interposer, mais Morganti est parfaitement placée pour stopper cette frappe de près (à 8 mètres du but).

« L’attaquante étant maintenant à moins de 8 mètres, Morganti adopte une posture plus relevée, ce qui lui permet de mettre son corps en opposition ou de se détendre vers le haut, selon la trajectoire du ballon », relève notre spécialiste. « Elle est parfaitement placée pour se projeter verticalement et détourner le ballon. Elle effectue un très bel arrêt, mais on note aussi que ses défenseures réagissent parfaitement après la perte de balle. L’une d’elles tente de s’interposer, l’autre couvre l’espace central, tandis que la troisième suit sa vis-à-vis jusqu’au second poteau et intervient pour sauver son équipe. C’est une belle action défensive qui montre la force du collectif. »

Vidéo 4 : la gardienne brésilienne Ana Morganti se détend pour réaliser un arrêt décisif sur un duel de près.

Evan O’Steen (États-Unis) : arrêt sur un tir à mi-hauteur des 9 mètres

Tout au long de la compétition, la gardienne américaine Evan O’Steen a montré ses qualités et a participé activement aux phases de construction. Dans l’action en question, les États-Unis perdent le ballon juste devant leur surface de réparation au moment de ressortir la balle. Dès que l’attaquante adverse pénètre balle au pied dans la surface, O’Steen repasse instantanément en mode défensif et adapte son comportement tactique en conséquence.

« La gardienne américaine est parfaitement placée lorsque l’attaquante adverse arrive aux 9 mètres », analyse Zuberbühler. « Elle est prête à intervenir : son centre de gravité est légèrement vers l’avant, ce qui lui permet de partir d’un côté comme de l’autre en activant ses muscles pelviens. Le tir part vers sa droite et elle se couche rapidement pour détourner le ballon. C’est une très belle parade. »

Vidéo 5 : la gardienne américaine Evan O’Steen (n°21) se penche légèrement vers l’avant et réalise un arrêt de près tout en explosivité.

Luisa Agudelo (Colombie) : arrêt sur un tir bas à 9 mètres de distance (sur corner)

Sur ce corner des États-Unis, il y a huit joueuses dans la surface de but d’Agudelo et sept autres dans la surface de réparation. Il est donc primordial que son champ de vision soit aussi dégagé que possible. Le corner est tiré à ras de terre vers Trinity Armstrong (n°3), mais Agudelo garde le ballon en ligne de mire et se tourne dans sa direction.

« Elle est prête, et au moment du tir, elle ajuste sa position avec ses genoux fléchis. Son centre de gravité est légèrement en avant pour qu’elle puisse réagir au tir », explique Zubi. « Elle se couche rapidement et son explosivité lui permet de détourner le ballon de la main gauche. Cet excellent arrêt réflexe doit beaucoup à sa posture de départ. »

Vidéo 6 : la gardienne colombienne Luisa Agudelo fait parler son explosivité pour repousser de la main gauche un tir à ras de terre.

Woo Sum-in (République de Corée) : arrêt sur un tir bas à 5 mètres 

L’attaquante espagnole Celia Gómez (n°14) pénètre balle au pied dans la surface sud-coréenne, suivie de près par l’arrière centrale gauche Noh Si-eun (n°20). La gardienne coréenne voit que sa défenseure maîtrise la situation. Elle reste donc près de sa ligne de but. Elle recule de quelques pas pour se rapprocher de sa cage et oriente son corps en direction du ballon, en étant légèrement penchée vers l’avant. Elle se trouve ainsi au premier poteau lorsque le premier tir est déclenché.

« Sur le tir de Gómez, elle est parfaitement placée, assez basse et prête à intervenir, mais sa défenseure s’interpose », analyse Zuberbühler. « Elle se relève rapidement et est de nouveau prête pour la deuxième tentative à 5 mètres. Cette fois-ci, elle est davantage sur les talons et peut détourner le ballon du pied droit grâce à un arrêt en croix parfaitement exécuté. Sa lecture du jeu lui a permis de s’adapter parfaitement aux deux occasions espagnoles. »

Vidéo 7 : après un premier tir contré, la gardienne sud-coréenne Woo Su-min (n°1) se replace rapidement et repousse une frappe à ras de terre des 5 mètres.

Points à retenir

Sur les tentatives à l’extérieur de la surface, les gardiennes doivent réduire l’angle de tir :

  • En restant le plus près possible de leur ligne pour pouvoir prendre leur impulsion rapidement et se détendre.
  • En orientant leur corps selon la position de la tireuse, le pied qu’elle utilise pour tirer et l’orientation de ses épaules.

Pour les tirs à l’intérieur de la surface, les gardiennes doivent adapter leur posture en fonction de la position de la tireuse et de la distance du tir.

  • Pour les tirs à 7 mètres ou plus, elles doivent adopter une posture basse, en étant légèrement penchées vers l’avant, avec les mains proches du sol pour un maximum de réactivité. Cela leur permettra de mobiliser les muscles pelviens pour se projeter d’un côté ou de l’autre.
  • Si leur centre de gravité est plutôt vers l’arrière, elles doivent amorcer le mouvement avec le bas du corps et effectuer un arrêt du pied.

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